Eolien : une énergie face à des vents contraires avec Philippe Bihouix et Thierry Salomon

Champ d'éoliennes à Hambourg ©Getty
Champ d'éoliennes à Hambourg ©Getty
Champ d'éoliennes à Hambourg ©Getty
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Elles coûtent cher, leur production est relative, elles ont des effets néfastes pour la biodiversité... Les critiques faites aux éoliennes sont-elles fondées ?

Avec
  • Philippe Bihouix Ingénieur centralien, spécialiste des ressources non renouvelables et promoteur des Low-tech
  • Thierry Salomon Ingénieur énergéticien, président de l’association négaWatt

Alors que la France possède un des plus longs littoraux d’Europe, elle n’a à ce jour, pas mis en service un seul parc éolien. Le gouvernement se heurte à une forte résistance, comme en témoignent le rassemblement des pêcheurs contre l'installation d'un parc éolien en mer dans la baie de Saint-Brieuc ou encore la tribune au vitriol de Stéphane Bern, soutenue par de nombreuses personnalités politiques de droite et d'extrême-droite. 

Le gouvernement a néanmoins de grandes ambitions : faire passer la part de l’éolien dans la production d’électricité de 7 % aujourd’hui à 20 % en 2028. La question est épineuse : comment concilier énergie et décarbonée et préservation de l’environnement ? 

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Philippe Bihouix, ingénieur centralien, spécialiste de l’épuisement des ressources minérales et promoteur des Low-tech, auteur de "Le Bonheur était pour demain : les rêveries d'un ingénieur solitaire", éd. Seuil.

Thierry Salomon, co-fondateur de l’Association NégaWatt, ingénieur énergéticien, vice-président de l’Association négaWatt, auteur de “Manifeste Négawatt. En route pour la transition énergétique”, Éditions Actes Sud.

Comment fonctionnent les éoliennes ? 

Une éolienne possède le même dispositif qu’une usine à gaz ou à charbon, par exemple, pour produire de l’électricité. 

En faisant tourner des bobinages de cuivre dans d’autres bobines de cuivre, ou dans des aimants, et inversement, on produit de l’électricité. L’idée est d’utiliser un mouvement pour provoquer l’apparition de l’électricité. Philippe Bihouix

La part de l’énergie éolienne en France représente 7% de la consommation d’électricité. Des parts faibles mais qui croissent relativement vite avec un développement qui pourrait nous mener aux alentours de 40%. Thierry Salomon

Une course à la taille

Il faut prendre en compte que les coûts de maintenance, d'exploitation, d'installation mais aussi les coûts humains, sont constants, qu'importe le nombre de mégawatts produits. C'est pourquoi les opérateurs ont davantage intérêt à installer des éoliennes de plus en plus grosses. 

Dans l’industrialisation de l’éolien, il y a une course à la taille. D’abord on avait des éoliennes qui produisaient à 0,5 à 1 mégawatt. Aujourd’hui les éoliennes terrestres - dites on shore - produisent jusqu’à 2 mégawatts. En mer, les éoliennes off shore, sont des objets beaucoup plus gros pouvant produire 5 à 6 mégawatts, parfois même jusqu’à 12 mégawatts. Philippe Bihouix

La question des éoliennes en mer

9 000 mâts d'éoliennes sont installées sur le territoire française alors qu'il n'existe qu'un seul prototype sur sa zone marine. La France figure ainsi comme l'un des derniers pays ayant développé les éoliennes off shore alors même qu'elles possèdent de nombreux kilomètres de côtes. 

Je ne sais pas si ce n’est pas surtout un choix par défaut. L’éolien off shore est plus complexe sur la logistique, en installation et en exploitation, ça demande des infrastructures portuaires. Je ne suis pas particulièrement pour de l’éolien off shore présenté en France comme une solution pour ne plus « dévisager » les territoires. Philippe Bihouix

En mer, il existe deux techniques possibles : les éoliennes posées sur le fond marin avec des fondations, et des éoliennes flottantes. Posées, il faut maximum 40 à 50 mètres de profondeur, en revanche, flottantes, les fonds peuvent atteindre jusqu'à 200, 300 mètres. Thierry Salomon

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