Sandrine Treiner est au micro d’Emmanuelle Daviet, médiatrice des antennes pour répondre aux questions des auditeurs

Emmanuelle Daviet : Nicolas Sarkozy est l’invité de l’émission « À voix nue » cette semaine pour une série de cinq entretiens exclusifs. Des auditeurs ne comprennent pas cette programmation , voici quelques messages :
« Comment expliquez vous un tel choix, une telle exposition biographique et non critique. »
« je trouve ça très limite… Je ne trouve pas sa parole légitime dans le cadre de cette émission. Qu’il soit invité chez Guillaume Erner, à la matinale, c’est une chose, mais offrir une tribune d’une semaine à cet homme, et le faire comme si c’était « neutre » me met extrêmement en colère. ça ne remet pas en cause l’intérêt que je porte à France Culture, mais Nicolas Sarkozy, ça ne passe pas ! »

Sandrine Treiner : Merci Emmanuelle de vous en faire le relais. Je comprends, bien entendu, que des auditeurs nous interpellent, tout comme ceux du reste, qui le font pour nous pour nous féliciter. Il en est aussi cet « A Voix nue » exceptionnel, comme vous le disiez, particulier pour le moins, mais « A voix nue » a toujours accueilli des séries particulières. Nous l’avons conçu comme un document, un document radiophonique, un bref retour en arrière. Quelques informations : il m’a été proposé par Marie-Laure Delorme, qui avait déjà fait plusieurs séries d’ « A voix nue » avec nous et d’autres projets documentaires encore par le passé. J’ai très confiance en son professionnalisme. C’est pourquoi nous avons décidé de faire cet « A voix nue » qui a été enregistré le mardi 14 septembre en une longue prise et cinq entrées thématiques, comme vous avez pu le voir, dans les conditions du direct, le document est intégral et il est tel qu’il a été enregistré. Ce que j’ai à dire à nos auditeurs, c’est que l’on dispose rarement de la possibilité de faire un entretien de 2h30 avec un ancien président de la République. Qu’on l’apprécie ou pas, que l’on soit de son bord politique ou pas, quoi qu’on en pense, en somme, je pense que c’est que c’est intéressant, très intéressant. Un homme se dessine, si vous avez écouté parfois, se confirme, agacera certains ou les mettra en colère, comme ceux qui vous ont écrit, en surprendra d’autres. C’est un rapport au pouvoir, au gouvernement et à la politique, à la culture, à la mémoire. La voix est importante aussi, je crois. On n’entend jamais d’hommes politiques de cette stature sur la longueur et la longueur permet aussi parfois la nuance. Le détour en apprendre davantage sur un parcours politique que certaines déclarations ponctuelles. Moi, je pense que c’est intrigant. Un homme politique, un homme de gouvernement. Je crois l’on en apprend beaucoup au final, sur ce que c’est que l’homme politicus ne s’exprimant par ailleurs pas sur l’actualité et la campagne, c’est bien autre chose qu’une interview politique, même si tout ce qui concerne un président de la République est évidemment politique. Moi, j’invite chacun à se faire son opinion sur ce document, l' »à voix nue » comme prévu, compte tenu des obligations en matière de temps de parole sur les antennes, les anciens présidents étant désormais comptabilisés, ce qui n’était, semble-t-il pas le cas par le passé est disponible dans son intégralité en podcast sur nos sites et sur l’appli Radio France.

Emmanuelle Daviet : A l’occasion de la sortie de son livre « L’après littérature » chez Stock, Alain Finkielkraut était l’invité de « La Grande table » la semaine dernière. Les auditeurs ont salué, de manière très appuyée, la conduite de votre interview Olivia, on peut retrouver leurs messages sur le site de la médiation de Radio France, certains ont félicité Alain Finkielkraut pour ses propos et d’autres s’étonnent qu’un producteur de France Culture vienne faire la promotion de son livre dans une autre émission de la chaine.
Sandrine Treiner quelle est votre politique éditoriale sur le sujet ? C’est une question assez récurrente des auditeurs…

Sandrine Treiner : Oui, absolument. Et vous vous souvenez que vous nous aviez demandé à chacun des directeurs directrices de chaînes de Radio France d’enregistrer des petites vidéos qui doivent pouvoir se retrouver sur votre sur votre site. Alors, en fait, la règle est assez claire. A partir du moment où un certain nombre de producteurs ou productrices de cette chaîne le sont en fait en vertu de leur statut de chercheurs ou d’intellectuels, il va de soi qu’ils publient aussi des livres et qu’il serait paradoxal, d’une certaine façon, de se passer de leur travail. Donc, pour les producteurs et productrices de la chaîne, les journalistes également, c’est un passage sur une des émissions de l’antenne qui est tout à fait accepté. Et on s’en arrête là.

Emmanuelle Daviet : On termine avec un message concernant l’émission de Matthieu Garrigou-Lagrange: « J’ai été heureuse de découvrir à la rentrée l’émission intitulée : « Sans oser le demander » nous écrit une auditrice. Je suis néanmoins fâchée que les 4 portraits jusqu’à présent proposés aient été 4 portraits d’homme. Il me semble impossible de poursuivre l’invisibilisation des femmes a fortiori sur une radio telle que France Culture dont j’attends qu’elle soit un vecteur/acteur d »éradication des pratiques sexistes. Je vous remercie de transmettre mon message et j’espère voir apparaître très bientôt autant de portraits de femmes dans cette émission que dans toutes les autres. »
Comment s’opèrent les choix de portraits des émissions en général, y a t il une harmonisation afin d’équilibrer au sein d’une même émission et plus généralement pour l’ensemble de la chaine ?

Sandrine Treiner : Moi, je signe tout à fait le message que vous avez reçu. Je suis entièrement d’accord avec cette remarque. Oui, bien sûr, je crois qu’Olivia Gesbert ne me démentira pas tous les producteurs, productrices de la chaîne, les journalistes ont cette question bien en tête. Et de fait, l’équilibre se fait par habitude d’y penser, d’y veiller, etc. etc. Donc, en l’occurrence, je pense que Matthieu Garrigou-Lagrange et son équipe s’en sont eux mêmes rendu compte. Et d’ailleurs, dès cette semaine, ils ont ouvert la semaine de cette nouvelle émission qui, comme toute nouvelle émission, se cherche, mais va se trouver extrêmement vite avec une émission sur Sonia Delaunay. Je dois dire aussi que les personnes qui veillent au documentaire, par exemple, font très attention sur les portraits. Même les portraits historiques. Et historiquement, on sait que les hommes ont eu plus de poids et de visibilité que les femmes, ils font très attention à faire en sorte de contrer cette invisibilité dont vous parliez.