J’ai l’immense bonheur d’être professeure des écoles à la Réunion, à Saint Denis, dans une REP+ où 70% de nos élèves sont d’obédience musulmane.
Jamais, à aucun moment de ma carrière je n’ai été confrontée à une atteinte à la laïcité. Je crois que c’est grâce au multiculturalisme qui prévaut ici.
Mes élèves (cm1) discutent très librement et très simplement de leurs différentes religions et sont très curieux des traditions culturelles des uns et des autres, tout au long de l’année, surtout à l’occasion des différentes fêtes religieuses qui émaillent notre calendrier spécifique (fête musulmanes, chrétiennes, tamoules, shintoïste…) Bien sûr, il m’arrive de donner quelques éclairages historiques mais cela se passe toujours très très bien.
Je travaille cependant les concepts de laïcité et de liberté d’expression avec eux, sous formes de jeux de rôle, et ils sont toujours capables de s’emparer de ces sujets avec beaucoup d’enthousiasme et de respect les uns envers les autres ; parce que je suis toujours à leur écoute et que je m’évertue à valoriser leurs différences cultuelles et culturelles.
Le livre le plus emprunté de ma bibliothèque de classe c’est « La réunion des religions » un ouvrage très intelligent qui fait un inventaire très factuel des différentes grandes religions.
Les élèves adorent…

Je vous écoute avec intérêt. Prof d’histoire-geo depuis 30 ans ; Samuel Paty, nous y pensons quasiment tous les jours. Ce qui a changé dans mon quotidien depuis 1 an : généralisation des classes à 35 avec la réforme du lycée donc suppression des demi-classes en éducation civique. L’enseignement de l’éducation civique est hors-sol si le quotidien parfois précaire des élèves et de leurs familles est une négation des principes républicains.

Enseigner après Samuel Paty. Quelle tristesse en écoutant cette enseignante qui constate le vide et le silence ! Au sein même d’une institution qui est censée transmettre et accompagner l’expression, et l’importance de la parole ! On peut comprendre que des professionnels seuls et démunis se sentent perdus et baissent les bras. Alors oui pour les engagements et le courage de certains qui feront bouger les lignes. Mais c’est toujours la même chose et le même discours, que ce soit dans le travail social, la santé, l’éducation : la mise en exergue de l’engagement et des vocations. Ok, c’est vrai que ça marche. Mais évoluer au sein d’institutions malades, gangrénées par des problèmes de carrière, des incompétents, des administrateurs qui ne connaissent pas le boulot des autres, c’est épuisant. Pour pouvoir transmettre aux jeunes, il faut déjà être capable de se parler entre adultes et professionnels.

J’avoue avoir dû me pincer pour vérifier que j’étais bien réveillé ce matin…. Pauvre Samuel Paty, il méritait mieux que cette au mieux naïve, au pire scandaleuse leçon de laïcité depuis un établissement privé confessionnel. Tout ceci sous prétexte que la dame avait eu un ancêtre résistant… Pauvre République, pauvre laïcité, si ce reportage est représentatif de la confusion dans laquelle notre société se situe aujourd’hui en la matière.

Vendredi 15 octobre, dans un reportage la rédaction choisie de garder au montage une enseignante qui dit « une décapitation, ça reste violent »…Tout simplement ridicule. Faire du radio trottoir, pourquoi pas. Mais ce choix de la rédaction est déplacé.

À l’instant je viens d’entendre lors de la diffusion du journal de la part de la journaliste en direct :  » Samuel Paty …un an après … les enseignants sont invités à « marquer le coup »… » Euh pardon ? bien pour une pauvre homme assassiné décapité dans ses fonctions de professeur, c’est le faire se retourner dans sa tombe ! marquer le coup. Marquer au cou plutôt. J’ai peut-être l’esprit mal tourné mais parfois les journalistes qui certes non pas le temps de faire cela en direct devrait parfois tourner leur langue sept fois dans la bouche avant de parler… et devraient prendre le temps de réfléchir aussi….

Je suis professeur en lycée à Rennes. Si la réflexion sur la laïcité a fait du chemin tant mieux. Mais au lendemain de janvier 2015, je me souviens d’avoir quitté la réunion qui devait organiser l’action à mener auprès des élèves face aux attentats des 7 et 8 janvier. Il était question de rédiger un texte en commun avec les élèves face à ces tragédies : la direction et un certain nombre d’enseignants refusaient de voir figurer dans ce texte commun le terme « laïcité ». Profondément choquant, et cette attitude d’autruche n’a jamais permis d’éviter ce que nous connaissons depuis !

« La laïcité, c’est contre les religions »
C’est ainsi que s’est ouvert ce matin un reportage sur une formation pour les profs sur la laïcité.
Sans être un expert, cette définition me parait fausse et susceptible de créer un émoi non indispensable…
Il me semblerait judicieux de couper cette phrase au montage et surtout, surtout, d’enquêter en profondeur sur la formation donnée aux enseignants et sur les formateurs…

Bonsoir et encore merci d’être, la seule radio qui à la fois nous informe et nous fait réagir.
C’est très difficile pour les enseignants de se former en dehors par manque de temps mais aussi les offres sont rares ! Il faudrait des heures pour parler de ça et du malaise important qui suinte chaque jour dans les établissements. Nos enfants ont besoins de nous, le gouvernement lui aussi mais tourne trop la tête face aux problèmes qui sont récurrents et quotidiens. Fabienne Sintès est une merveilleuse journaliste .. Bravo pour son courage pour sa passion que l’on sait écouter. Bonsoir

Plusieurs problèmes :

laïcité (disparition de l’enseignement du fait religieux en 2016)

diminution du français (en 6è en 30 ans de 6H à 4h30 par semaine), essentiel la maitrise de lecture, écriture, oral.

Manque de soutien des professeurs mal payés, mal considérés, pas soutenu face à des attaques permanentes des parents sur le contenu ou la forme de notre travail.

vidéos sur la laïcité proposé pour cette année très fausses, pistes données : 1ère piste donnée par Eduscol pour l’hommage à Samuel Paty : « • L’engagement et la vocation au service de la réussite des élèves et de la construction de l’avenir : un professeur n’est pas là pour lui, mais pour les autres. » Si, il est là pour lui, pour être utile à sa façon comme dans tout métier !

Bonsoir, quand j’étais en poste en école primaire, j’ai été confronté à des pères refusant de serrer la main à l’enseignante car femme, refuser de lui parler car femme !! Comment faire ?

Il y a un an, dans mon établissement comme dans de nombreux autres, on n’a pas permis aux enseignants d’avoir un temps pour pouvoir nous réunir entre collègues après la mort de Samuel Paty. Nous étions toutes et tous ému.e.s. Nous avons dû, pour certain.e.s nous mettre en grève pour pouvoir nous réunir et avoir un temps pour nous retrouver.
Cette année, l’hommage a lieu la dernière heure de vendredi où seulement 8 professeurs sur 40 ont cours. On nous a envoyé un mail pour nous prévenir. Aucune minute de silence.
Alors, j’ai décidé de ne pas faire cours, je ne pourrais pas, je ne peux pas. Cette mascarade d’hommage me donne la nausée. J’aurais voulu un hommage national, des écoles fermées, car ce qui est arrivé à Samuel Paty n’est pas que l’affaire de l’école. J’aurais voulu aussi que les enseignants puissent aussi se retrouver pour pouvoir en parler. Dans mon établissement, c’est le silence, c’est comme un tabou ! Je suis écoeurée de travailler dans cette forme d’omerta créée par notre ministère, notre ministre, notre hiérarchie ! Quelle honte !
Je signerai « anonyme » car je n’ai pas le droit de tenir ce genre de propos.

Enseigner après Samuel Paty. Je suis enseignant de Lettres-Histoire en lycée professionnel. Depuis un an et le drame arrivé à mon collègue Samuel Paty, je n’ai absolument pas changé mon enseignement. Je continue, bien sûr, à suivre les programmes du Ministère et notamment à parler, travailler, débattre de laïcité. Notre Lycée est très investi et construit des projets autour de laïcité : liberté expression modules sur le dessin de presse avec pour but de réfléchir sur la caricature et la liberté d’expression. Cependant, il vrai que certains de mes collègues ne sont pas à l’aise avec le sujet, notamment les collègues contractuels qui ne sont peu voire pas formés à ces questions – comme la majorité des titulaires de ce pays ?!
Demain, le lycée a prévu sans grand enthousiasme de faire 1mn de silence collectif dans la cour puis de lire le texte de Robert Badinter – malgré l’avant dernier paragraphe qui a fait débat !

Je souhaite juste apporter un témoignage mais qui me tient à cœur. Mon père est retraité d’IUFM. Il y a enseigné l’histoire géographie à de futurs professeurs des écoles jusqu’en 2015. Il a organisé des stages sur la laïcité, il maîtrise parfaitement le sujet et l’a abordé avec cœur après de ses stagiaires qui en ressortaient ravis. Il a aussi et surtout assisté à la décrépitude des IUFM et de l’éducation nationale. Il en est sorti écœuré. Le problème ne se situe pas dans un manque historique. Il se situe dans la dégradation de notre système et des moyens qui y sont consacrés. Merci pour votre lecture.

Je suis née en 1956. Quand nous arrivions à l’école primaire le matin l’enseignant vérifiait que aucun signe religieux ne soient visibles. Si une croix était visible elle était immédiatement rentrée à l’intérieur de nos vêtements. Le pli était pris pour le secondaire. J’ai eu mon bac en 1974. Nous ne connaissions pas nos religions. Ce n’était pas un sujet. J’étais dans un lycée public. Il y avait encore des bidonvilles à la périphérie de la commune. Aucune animosité entre les différentes communautés au lycée. Que s’est-il passé depuis 1974 pour que la religion soit un sujet ?