La CGT a lancé le mercredi 6 octobre un appel à la grève pour une durée indéterminée aux salariés de France Inter, France Musique, France Bleu à Paris, en particulier aux techniciens et aux réalisateurs.

En cause, une expérimentation sur six émissions concernant différentes antennes du groupe, dans le cadre du projet « Prod’Cast » qui réorganise des équipes de production : du personnel initialement dédié à l’antenne est redéployé vers la production de podcasts et de nouveaux formats numériques, pour s’adapter à l’évolution des usages d’écoute de nos auditeurs. Pour la Direction, il s’agit de moderniser la production de la radio afin de préparer son avenir. Pour la CGT, cela remet en cause les métiers de la radio. 

 Cette grève suscite de l’incompréhension chez des auditeurs :

« On ne sait rien des motifs de cette grève qui nous prive d’un bon nombre d’émissions sur France Musique depuis le début de la semaine. Est-elle destinée à durer à l’instar de tristes précédents ? Combien de personnes à l’origine de ce blocage ? Un minimum d’informations sur le site de la radio serait bienvenu et marquerait de la considération envers les auditeurs, qui en manquent singulièrement. »

« Pourquoi France Culture est-elle pratiquement la seule à supporter les mouvements de grève ? Ce sont essentiellement les auditeurs de cette radio « unique » qui en subissent les conséquences. Ces actions sont totalement improductives. Il serait grand temps d’inventer un autre mode d’action de protestation et d’améliorer l’information qui en est faite. »

« Ne trouvant aucune explication dans la presse à propos du mouvement de grève actuellement en cours, je viens vers vous. Les auditeurs la méritent et sont aussi concernés par l’évolution possible de leurs programmes. »

Afin d’éclairer les auditeurs, nous leur proposons de lire ci-dessous les raisons de cette expérimentation expliqués par la Direction de Radio France et de prendre connaissance des motifs de la grève par la CGT, à lire ici.

La direction de Radio France

Depuis une semaine, les auditeurs de France Bleu, France Culture et de France Musique sont privés de certains de leurs programmes. L’annulation de ces émissions est le fait d’un mouvement de grève d’une dizaine de salariés à l’appel de la CGT. Radio France regrette la gêne occasionnée pour les auditeurs fidèles de ces émissions : des contacts avec la CGT sont pris chaque jour depuis le début du mouvement dans l’objectif de trouver une issue rapide à sa grève.

Le projet contre lequel se positionne la CGT est une expérimentation en cours depuis la rentrée de septembre sur un petit nombre d’émissions (6) réparti dans plusieurs antennes de Radio France. Cette expérimentation s’inscrit dans la démarche de modernisation de la production de la radio engagée depuis plusieurs années, ainsi que de diversification des contenus que l’on produit : nos podcasts notamment sont de plus en plus plébiscités par nos auditeurs, nous nous organisons donc pour pouvoir les produire dans de bonnes conditions, c’est-à-dire sans mettre sous tension la production et les salariés – techniciens et réalisateurs – qui la font. Concrètement, ce que nous expérimentons en ce moment, c’est l’autonomie d’un technicien ou d’un réalisateur dans les émissions qui le permettent (plutôt que la présence systématique des deux quelle que soit la complexité de la production), et des organisations différentes de la production grâce à des outils beaucoup plus performants récemment déployés pour faciliter le quotidien de nos équipes. Les organisations que nous expérimentons sont inspirées de ce qui se fait chez nos confrères étrangers qui produisent de la radio et des podcasts de qualité.

Ce projet est concerté : 3 organisations syndicales l’UNSA, la CFDT et le SNJ participent au suivi de sa mise en œuvre avec la direction au sein d’une commission paritaire créée à cet effet.

A nouveau, Radio France regrette que l’écoute de ses antennes soient perturbées et met toute son énergie à trouver une issue rapide à cette situation.

La CGT

Depuis le 6 octobre, des salarié-es de Radio France sont en grève pour protester contre la réforme (« évolution ») des modes de production voulus par la direction.


Le projet Prod’Cast, c’est son nom, remet en cause l’existence de TOUS les métiers de la production et d’ores et déjà ceux de technicien-nes, réalisateurs-trices, d’attaché-es de production, chargé-es de programme. Il fragilise le travail des producteurs-trices, et menace la qualité des programmes.


Ce projet s’inscrit dans un processus d’économies entamé depuis plus de 10 ans sur les moyens dédiés à la production (baisse drastique du nombre d’émissions en public et en direct, baisse des moyens alloués à celles qui subsistent, assèchement des grilles de programmes par la multiplication des multidiffusions et rediffusions, baisse du nombre de cachets des producteur-trices, des comédiens, bruiteurs, musiciens etc.). Il s’inscrit également dans un contexte de suppressions de postes massif à Paris et en régions (perte de 10 % des effectifs toutes catégories confondues depuis 2015 !)
À la notion de métier s’est substituée celle d’emploi donc d’employabilité, qui induit le principe de redéploiement des tâches à effectuer. L’expérimentation en cours prévoit la suppression de 2 postes de réalisateurs par chaîne sur des émissions quotidiennes ou hebdomadaires, les tâches de réalisations devant être réparties sur les personnels restants.
Ce type d’expérimentation constitue le premier pas qui préfigure la remise en cause de l’ensemble des métiers à Radio France.
Pour l’heure, la direction ne respecte pas ses propres engagements -la convention Prod’Cast mise à signature auprès des syndicats n’a pas recueilli la majorité qualifiée, mais l’expérimentation se poursuit comme si de rien n’était- mais elle tente d’acheter la paix sociale par le versement de primes, et multiplie le dénigrement et la ringardisation de ceux qui n’admettent pas les présupposés de son projet stratégique. De plus, elle brandit la menace d’une réaction abrupte de la tutelle (baisse du budget, donc des effectifs) si les salariés ne se plient pas aux directives de cette « réforme ». Il est annoncé aussi une négociation à venir sur un accord d’intéressement, qui va habituellement de pair avec le versement d’une prime proportionnelle à l’activité… et inversement proportionnelle au nombre de personnes dans l’entreprise. Plus avec moins, et une petite carotte au bout.
Afin de préserver la qualité de la production et de sa diffusion via tous les vecteurs, la CGT Radio France maintient son opposition au projet Prod’Cast.

La CGT appelle la direction au respect du droit de grève dont les atteintes sont passibles de poursuites pénales.
Elle dénonce ses manœuvres pour minimiser l’impact de cette grève, même non massive, sur les antennes :
redéploiement d’effectifs notamment précaires pour remplacer les grévistes, gonflement artificiel des effectifs
-tiens, là on trouve des potentiels- allant dans le même sens.