1. Hommage à Samuel Paty
2. La présence d’Éric Zemmour
3. Dominique Reynié et Pascal Blanchard : le débat du Grand entretien de France Inter
4. Laurent Berger, invité de Questions Politiques
5​​​. Pierre Ménès dans « Hors Piste » sur France Inter
6. Les Pieds sur Terre : « Médecins harcelés par les antivax »
7. Covid 19 : comment vont les Outre-Mer ?
8. La sage-femme Chantal Birman, invitée du 7h50 sur France Inter
9. Débat de l’actu : le nucléaire
10. La pédocriminalité dans l’Église catholique
11. Les obsèques de Bernard Tapie
12. Pêle-Mêle de remarques d’auditeurs
​​​​​​​13. Grève à Radio France
14. La langue française

Points de vue d’auditeurs

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La présence d’Éric Zemmour 

La semaine dernière nous évoquions ici les messages d’auditeurs qui, unanimement, demandaient aux rédactions de ne pas évoquer Éric Zemmour sur les antennes estimant qu’il n’y avait pas sa place. Nous expliquions alors que cette option n’était pas envisageable. Le journalisme c’est d’abord observer ce qui se passe, le relater, le décrypter. Or que donne à voir le réel ? En ce tout début de campagne présidentielle, Éric Zemmour polarise une partie du débat, les thèmes qu’il égrène cristallisent des réponses de la part des personnalités politiques jusqu’au président de la République et son nom pèse dans les sondages sans qu’il soit pour autant déclaré candidat. 

Incontestablement cet homme s’impose comme un acteur protéiforme du jeu politique : éditorialiste, polémiste, essayiste, nous assistons actuellement à la mue de cette figure médiatique en un personnage politique. Ce sont les faits, n’en déplaise à des auditeurs qui souhaiteraient ne pas entendre citer le nom d’Éric Zemmour sur les antennes. 

Alors que certains souhaitent qu’on n’en parle pas, d’autres estiment qu’on le censure, c’est la teneur des mails reçus cette semaine après le propos du journaliste Gilles Bornstein, dans une émission de Franceinfo tv, décrétant à propos d’Éric Zemmour : « Il n’a pas le droit de venir ici”. Précisons que l’émission était diffusée sur le canal 27, uniquement en télé, et non sur une antenne de Radio France mais il y a eu confusion pour des auditeurs. La formule, sémantiquement fautive, a été interprétée comme une interdiction d’antenne pour le polémiste. Le service de la médiation de Radio France a donc été destinataire de nombreux messages pour Franceinfo (radio), et les autres antennes du groupe : 

« Il n’est pas dans mes habitudes de pratiquer les courriers des lecteurs ou auditeurs, mais je voudrais m’élever avec force contre le veto d’Éric Zemmour sur la radio du service public. Le service public, financé par les impôts des Français, doit respecter la pluralité de leurs opinions, que cela vous plaise ou non. Je ne suis pas d’accord avec Zemmour, mais vous dénie le droit d’exercer une quelconque censure à son encontre. Vous vous cachez par ailleurs derrière le fait qu’il ne soit pas candidat est une plaisanterie : vous invitez nombre de personnes non-candidates, dont les propos sont d’un conformisme consternant dans leur souci de ne point déplaire. Éric Zemmour est porteur d’un débat qui met à jour les maux dont semblent souffrir beaucoup de nos concitoyens. Essayons de comprendre. Invitez Zemmour, questionnez-le sur le fond, faites-le débattre avec des contradicteurs et arrêtez de nous imposer votre doxa. Êtes-vous là, vous, journalistes et dirigeants du service public pour garantir la liberté d’expression et le droit à la pluralité ou pour vous comporter comme les commissaires politiques d’un autre âge ? Personne n’a le droit de me dire ce que je dois penser et à commencer par le service public. » 

« Qui sont ces journalistes pour prendre les auditeurs du service public pour des abrutis, incapables de prendre de la distance, d’avoir un esprit critique face au discours du polémiste ? Il s’agit d’un cas de censure intolérable. Si vous décidez d’interdire d’antenne, quiconque prononce des paroles gênantes, alors il va falloir censurer Marine Le Pen, Éric Ciotti, mais aussi Sandrine Rousseau et Jean-Luc Mélenchon. Mais qui décide ? Cessez de vous ériger en censeurs moralisateurs. Donnez-nous de l’information. Nous trierons le bon grain de l’ivraie. » 

Quel traitement journalistique les antennes de Radio France accordent à Éric Zemmour ? 
Réponses des directrices et directeur de France Inter, France Culture et Franceinfo : 

« Éric Zemmour à la parution de chacun de ses livres est venu en débattre sur France Inter dans la tranche du 7/9 d’abord, puis dans le Grand Face à Face, indique Laurence Bloch, directrice de France Inter, une invitation dans le Grand Face à Face lui a donc été proposée pour son dernier livre « La France n’a pas dit son dernier mot » sans qu’une date n’ait été possible à ce jour compte tenu de son agenda mais l’invitation est toujours d’actualité. Par ailleurs, en cette rentrée une invitation lui a été formulée pour l’un ou l’autre des rendez-vous politiques de la chaîne une fois sa candidature à l’élection présidentielle actée. » 

« A France Culture, nous pratiquons un journalisme d’idées qui a à questionner tous les courants de pensée. C’est ce que nous faisons déjà, et ferons encore », précise Sandrine Treiner, directrice de France Culture 

« Nous nous sommes posé la question et nous avons débattu ensemble, explique Jean-Philippe Baille, directeur de Franceinfo, comment fallait-il traiter son arrivée dans la campagne ? Nous avons d’abord estimé que c’était un essayiste qui était en promotion pour son dernier livre. Mais aujourd’hui, force est de constater qu’il est un acteur politique de cette campagne. D’ailleurs, le CSA lui-même le considère comme tel puisqu’il a décidé de décompter son temps de parole en tant que personnalité politique. Je crois qu’aujourd’hui, la question n’est pas de savoir « Est-ce qu’Éric Zemmour est candidat ? », mais : « Quand le sera-t-il ? » Ce n’est pas « si », mais « quand » la question qu’il faut se poser. Donc, pour Franceinfo, il est candidat. Candidat virtuel, certes, mais un candidat qui doit être traité comme les autres, selon ce qu’il représente sur l’échiquier politique. » Éric Zemmour viendra donc sur Franceinfo comme tous les autres candidats. 

Jean-Philippe Baille répond également aux questions des auditeurs ce dimanche dans le rendez-vous de la médiatrice à 11h51 sur Franceinfo. 

Grève à Radio France 

La CGT a lancé le mercredi 6 octobre un appel à la grève pour une durée indéterminée aux salariés de France Inter, France Musique, France Bleu à Paris, en particulier aux techniciens et aux réalisateurs. 

En cause, une expérimentation sur six émissions concernant différentes antennes du groupe, dans le cadre du projet « Prod’Cast » qui réorganise des équipes de production : du personnel initialement dédié à l’antenne est redéployé vers la production de podcasts et de nouveaux formats numériques, pour s’adapter à l’évolution des usages d’écoute de nos auditeurs. Pour la Direction, il s’agit de moderniser la production de la radio afin de préparer son avenir. Pour la CGT, cela remet en cause les métiers de la radio.  

Cette grève suscite de l’incompréhension chez des auditeurs : 

« On ne sait rien des motifs de cette grève qui nous prive d’un bon nombre d’émissions sur France Musique depuis le début de la semaine. Est-elle destinée à durer à l’instar de tristes précédents ? Combien de personnes à l’origine de ce blocage ? Un minimum d’informations sur le site de la radio serait bienvenu et marquerait de la considération envers les auditeurs, qui en manquent singulièrement. » 

« Pourquoi France Culture est-elle pratiquement la seule à supporter les mouvements de grève ? Ce sont essentiellement les auditeurs de cette radio « unique » qui en subissent les conséquences. Ces actions sont totalement improductives. Il serait grand temps d’inventer un autre mode d’action de protestation et d’améliorer l’information qui en est faite. » 

« Ne trouvant aucune explication dans la presse à propos du mouvement de grève actuellement en cours, je viens vers vous. Les auditeurs la méritent et sont aussi concernés par l’évolution possible de leurs programmes. » 

Afin d’éclairer les auditeurs, nous leur proposons de lire ici les raisons de cette expérimentation expliquées par la Direction de Radio France et de prendre connaissance des motifs de la grève par la CGT, à lire ici.

La parole médicale à l’honneur  

Signalons cette semaine les compliments d’auditeurs reçus après les témoignages d’acteurs du monde médical :  

Tout d’abord, le reportage des Pieds Sur Terre diffusé lundi 11 octobre sur France Culture avec les interviews de médecins recevant des menaces de mort :  l’une est généraliste dans un petit village du Gard et tient le centre de vaccination à bout de bras, tandis que le second, médecin à Fronton, près de Toulouse, défend publiquement la vaccination. Il a désormais un garde du corps : 

« Reportage édifiant ! Courage à ces médecins, qui malgré tout, veulent croire à l’humanité de leur prochain… » 

« J’aime beaucoup écouter Les Pieds sur Terre pendant que je déjeune. En écoutant celui-ci, deux témoignages de médecins ayant été menacés et agressés par des antivax (et pas que), j’ai eu du mal à retenir mes larmes. »  

« Un témoignage hyper poignant d’une médecin ayant TOUT donné pour le covid et en état de trouble de stress post-traumatique après agression. Hyper poignant. Pauvre femme… Comment en sommes-nous arrivés là ? » 

Beaucoup de messages très positifs également après l’interview de Chantal Birman par Léa Salamé jeudi à 7h50 sur France Inter. Chantal Birman est sage-femme libérale et à l’honneur dans le documentaire, « À la vie », signé par Aude Pépin, en salles le 20 octobre : 

« Un immense merci d’avoir mis en lumière les sage-femmes par le biais de Chantal Birman ! Ces femmes extraordinaires, de l’ombre, souvent discrètes, ont besoin de vous, les médias, pour se sauver et sauver les femmes de demain ! Sollicitez-les, allez les filmer, diffusez leurs paroles ! » 

« Merci d’avoir donné la possibilité de sortir du silence et de l’ombre les sage-femmes qui souffrent au travail. (…) Merci pour le sourire que vous m’avez offert ce matin en vous écoutant. » 

Le débat du Grand entretien 

Autre motif de satisfaction des auditeurs : le Grand entretien de 8h20 sous forme de débat dans lequel France Inter propose d’évoquer les sujets, les clivages, les fractures qui traversent ou vont traverser la campagne présidentielle. Le premier débat organisé hier abordait la question de la crispation identitaire que connaît la France ces derniers mois. Dominique Reynié, politologue, professeur des universités à Sciences Po, directeur général de la Fondation pour l’innovation politique (Fondapol) et Pascal Blanchard, historien, chercheur associé au CRIHM à l’Université de Lausanne étaient les invités de Léa Salamé et de Nicolas Demorand. 

« Merci pour ce début de débat que j’attendais depuis longtemps, car « le bloc » identitaire me devenait insupportable. Ceux qui pensent pouvoir s’enfermer dans des territoires réservés et zones culturelles exclusives non seulement se trompent, mais encore s’engagent au regard de l’Évolution à plus ou moins long terme vers la dégénérescence puis leur disparition. La vie n’est possible, riche et intéressante que de mes contacts avec la différence des autres et mon identité varie constamment en fonction de ces contacts. Les médias ne font qu’amplifier le phénomène Zemmour et Cie. Il est grand temps qu’ils relaient les opinions contraires, ce que vous venez de commencer ce matin !! Continuez, s’il vous plaît ! Sans parler de l’effet délétère des sondagiers ! » 

« Dominique Reynié et Pascal Blanchard, quelle qualité du débat et des propos ! Encore, on les veut encore ! » 

« Enfin un espace de débat respectueux et apaisé ! Ça fait beaucoup de bien à écouter! Merci à vous et belle journée. » 

Sortie de terrain 

Le consultant sportif spécialisé dans le football Pierre Ménès était, dimanche 10 octobre, l’invité de l’émission « Hors-piste » animé par Thomas Sotto : « Notre invité est passé par toutes les formes de popularité : ce sont d’abord les fans de foot qui ont fait connaissance avec ce chambreur qui s’est fait remarquer en jetant à la rivière le politiquement correct. Le foot, mais aussi le tennis qu’il aime pour et par Roger Federer. Puis il a ému le pays quand il s’est battu pour sa survie, après une double greffe “reins foie” Enfin, accusé à minima de sexisme et de dérapages, il a pris un carton rouge ces derniers mois » indique le site de l’émission. 

En effet, mis sur la touche fin mars après des accusations d’agressions sexuelles, l’ex-chroniqueur vedette du « Canal Football Club », âgé de 58 ans, a quitté le 1er juillet dernier la chaîne cryptée, mettant fin à près de 12 ans de collaboration. Ce départ est la conséquence de la diffusion le 21 mars sur Canal+ d’un documentaire sur le sexisme dans les rédactions sportives et la révélation de séquences l’incriminant, coupées au montage à la demande de la chaîne, soupçonnée de l’avoir protégé. 

Carton rouge également du côté des auditeurs qui n’ont pas vraiment goûté cette programmation d’une fin de dimanche après-midi :  

« Il fallait oser inviter Pierre Ménès. Thomas Sotto l’a fait ! Grande gueule, son côté « beauf » le rendait insupportable quand il parlait sport sur Canal Plus. Licencié pour attitudes incorrectes envers plusieurs femmes, le voilà de retour sur France Inter pour s’expliquer ! Sa misogynie récurrente s’est toujours mêlée à un anti-intellectualisme permanent. » 

« Ce monsieur, qui a infligé des baisers forcés à des femmes, et est accusé d’agressions sexuelles par d’autres, est connu pour son sexisme et sa vulgarité.
Vous voir servir son opération de victimisation est très déplacé pour toutes les victimes de violences sexuelles et sexistes.N’y a-t-il pas d’autres personnes que le service public pourrait mettre en avant ? » 

Langue Française  

Tous les soirs sur Franceinfo, Clément Viktorovitch décrypte les discours politiques et analyse les mots qui font l’actualité, une chronique plébiscitée par des auditeurs :  

« C’est un grand plaisir d’écouter les décryptages de Clément Viktorovitch sur FranceInfo. Ça fait du bien d’entendre quelqu’un prendre de la hauteur sur les discours politiques et l’actualité, et nous inciter à faire usage de notre esprit critique. Beau recrutement ! » 

« Je voudrais remercier et féliciter Clément Viktorovitch pour son émission “Entre les lignes”. C’est très intelligent et passionnant ! Ça nous permet d’apprendre à décrypter le langage des politiciens et autres orateurs. J’espère que cette émission restera sur la durée et ne s’arrêtera pas après les élections. Je pense qu’elle pourrait être utilisée par des professeurs de lycée pour enseigner aux élèves à lire entre les lignes. Encore merci, M. Viktorovitch ! » 

Nous recevons de plus en plus de messages sur le choix du lexique environnemental, des auditeurs signalant l’approximation récurrente d’expressions utilisées sur les antennes : 

« Je vous écris d’une part pour dire que la transition écologique est un terme qui n’existe pas en fait nous devons parler de transition énergétique. » 

« Cela fait 2 fois en moins de 2 semaines que j’entends votre journaliste dire « baisser la part du nucléaire à 50% de notre mix énergétique » alors que la question c’est de « le baisser à 50% de notre mix électrique ». L’électricité et l’énergie ce n’est pas la même chose, l’électricité n’est qu’une (petite) part de l’énergie que l’on consomme… Et il serait donc bon que les journalistes de Radio France utilisent les deux termes à bon escient.   
De façon générale, les sujets environnementaux et énergétiques sont compliqués, demandent de la pédagogie, et sont en même temps des sujets absolument primordiaux pour comprendre le monde dans lequel on vit, faire des choix éclairés pour les prochaines années. Les erreurs et approximations sur ces sujets sont donc particulièrement gênants. Avez-vous prévu de former les journalistes de Radio France sur ces sujets ? » 

Enfin une auditrice nous écrit : “Permettez-moi de vous signaler une faute de français : on ne dit pas que la femme victime des violences de son mari a été « gravement blessée » mais « grièvement blessée. »” 

Dit-on « Grièvement » ou « Gravement » ? Quelle différence de sens apporte l’utilisation de l’un ou de l’autre ? Laélia Véron, enseignante-chercheuse en stylistique et langue française répond aux auditeurs dans cette vidéo
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Emmanuelle Daviet
Médiatrice des antennes de Radio France