Cette semaine dans le rendez-vous de la médiatrice, Sandrine Treiner, directrice de France Culture est au micro d’Emmanuelle Daviet pour répondre aux auditeurs à propos du traitement éditorial de la guerre en Ukraine, la parité dans les invités scientifiques et leurs conflits d’intérêts, et la messe en latin.

Emmanuelle Daviet : Bonjour! Depuis le début de la guerre en Ukraine, il y a un mois, les auditeurs soulignent le travail remarquable de vos journalistes et producteurs. Je vous lis l’un des messages reçus. « Je souhaitais simplement remercier le travail de France Culture au sujet du traitement de l’information ainsi que tous les programmes relatifs à l’Ukraine. Nous abordons le conflit avec vous de façon totalement différente et intelligente, en laissant toute la place aux populations vivant le conflit et non aux politologues et donneurs de leçons. Votre approche sensible m’a bouleversé. Merci également d’avoir retransmis la soirée de soutien à l’Ukraine organisée par Stanislas Nordey ». Sandrine Treiner, quels ont été vos choix éditoriaux pour traiter, pour aborder la guerre en Ukraine avec votre spécificité, votre identité de chaîne culturelle ?

Sandrine Treiner : Merci pour cette question et merci aux auditeurs de saluer ainsi le travail des équipes. C’est difficile de trouver la juste mesure pour parler d’événements aussi intensément complexes à appréhender, aussi émotionnellement engageants. Ce que nous faisons à France Culture, c’est d’essayer d’être toujours à France Culture. En réalité, que je crois que c’est notre principal garde fou. Et donc de se dire toujours, comment est ce que l’on peut donner un peu davantage à comprendre ce qu’il se passe, et qui, en l’occurrence, avait été assez peu prévu, en tout cas côté européen. Alors, le refuge pour ça? Le refuge en or, c’est la connaissance et c’est la culture. Donc, très tôt : une semaine du Cours de l’histoire, pour éclairer sur l’histoire de l’Ukraine, on aura un podcast de quatre émissions très tôt, Les Chemins de la philosophie, qui ont croisé les différentes conceptions et pensées de la guerre. Très tôt aussi une semaine de Culture Monde sur eux, sur la géopolitique de la Russie. Et puis la culture, toujours donner à entendre la parole des artistes, informer sur la situation des artistes. Non pas que les artistes aient en tant que tel une place prédominante par rapport à toutes les autres populations qui souffrent. Mais de se dire qu’en fait les régimes totalitaires s’en prennent toujours d’abord aux artistes parce qu’ils savent qu’il y a là, l’âme d’un pays et que l’on peut tuer un pays en tuant sa langue et ses artistes. Et donc, oui, effectivement, quand Stanislas Nordey est venu nous proposer de monter autour de lui cette soirée avec Culturebox, côté télévision, France Télévisions on s’y est engouffrés et on y a découvert de très beaux textes, en particulier « Les chevaux de feu », que je recommande à tout le monde, et à l’écoute et à la lecture.

Emmanuelle Daviet : On poursuit avec des messages sur la pandémie. Voici le message d’une virologue : « vous donnez assez souvent la parole à des scientifiques pour parler de la pandémie et j’ai l’impression que ce sont quasiment toujours des hommes. Est ce parce que vous invitez principalement des hommes? Ou est ce parce que vous essayez d’inviter des femmes, mais elles refusent plus souvent que les hommes, et donc vos invités sont principalement masculins ? » Sandrine Treiner, est-ce que cette perception de votre antenne est une réalité?

Sandrine Treiner : Forcément, c’est un peu la réalité de cette auditrice puisqu’elle nous l’exprime. Néanmoins, il me semble que c’est quand même une impression. C’est vrai qu’il y a des hommes, et pas mal sur ces sujets là. On n’est pas surpris que des grands pontes de la médecine puissent être souvent masculins. Mais il y a aussi beaucoup des femmes, singulièrement dans ce domaine. Et comme ça, en faisant appel à la mémoire immédiate, j’ai pensé à Anne-Claude Crémieux, j’ai pensé à Marie-Paule Kieny à Florence Ader, à Sandrine Sarrazin, à Anne Goffard. Je crois qu’en tout cas, nous avons eu à cœur de donner la parole tout simplement aux personnes qui étaient compétentes pour répondre à nos questions. Il y avait des hommes, il y avait des femmes.

Emmanuelle Daviet : Autre message sur la pandémie depuis mars 2020, nous dit un auditeur, « des médecins, des professeurs ont régulièrement voix au chapitre sur France Culture. Ces personnes sont censées faire une déclaration publique de liens d’intérêt, y compris lorsqu’ils se disent sans lien d’intérêt. Cette déclaration n’est pas facultative, elle est obligatoire. Serait-il donc possible d’envisager la publication systématique de la déclaration des liens d’intérêts de vos invités en biomédecine sur votre antenne ? » Sandrine Treiner, il y a-t-il une règle établie à ce sujet?

Sandrine Treiner : Écoutez, en tout cas, pour y répondre de manière positive, rien ne s’y oppose, évidemment. C’est vrai que c’est fait systématiquement à l’oral. Je dois avouer la nécessité d’aller vérifier un peu dans les recoins de notre de notre site, mais je trouve cette remarque tout à fait judicieuse.

Emmanuelle Daviet : Donc, vous y réfléchirez ?

Sandrine Treiner : Non, non, j’y adhère !

Emmanuelle Daviet : Dernière question : des auditeurs nous ont écrit cette semaine au sujet de la diffusion de la messe en latin. Voici un message : « Je suis très peinée de voir que la messe dominicale que vous diffusez est passée du français au latin, comme c’était la tradition avant Vatican II. Dois-je considérer que c’est un parti pris de la part de France Culture ? Ou est-il imposé par l’Église catholique ? » Sandrine Treiner, quelle est votre réponse à ces auditeurs?

Sandrine Treiner : La première réponse est toujours quand même de rappeler le cadre : le cadre, c’est donc la diffusion de la messe chaque dimanche de 10 heures à 11 heures. Une messe qui est faite pour les auditeurs de France Culture faite exprès, qui relève du cahier des missions et des charges de Radio France, qui est assumée en l’occurrence par France Culture. Et donc, cette messe est néanmoins tout à fait gérée et organisée par un producteur, quelqu’un qui a le statut de producteur qui s’appelle Jérôme Rousse-Lacordaire. Et je lui ai donc demandé parce que j’avoue que je ne suis pas terriblement en charge de cet aspect là des choses. Je lui ai demandé de répondre aux auditeurs et donc je vous dis tout simplement sa réponse :

« Il s’agit de la messe grégorienne de la cathédrale. Les lectures et les oraisons sont en français et, cette messe est en alternance avec des messes entièrement en français. Ainsi, cette année, il n’y en a que trois sur une soixantaine de messes au total. Certains auditeurs en sont contents. »