Le vaccin à l'heure du sapin
Les vaccins, le déconfinement limité, les fêtes de fin d’année, les chiffres du Covid-19, les Black Blocs, la situation en Nouvelle-Calédonie, Elie Semoun dans l’Instant M, les différentes remarques des auditeurs sur les antennes sont au menu des thématiques abordées par les auditeurs dans leurs messages cette semaine.
Chaque jour vous êtes très nombreux à nous écrire. Vous pouvez retrouver une sélection quotidienne des courriers sur le site de la médiatrice.
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Dans le courrier des auditeurs, le traitement éditorial de la vaccination soulève autant de questions que le vaccin lui-même. On sait que le sujet suscite espoir mais aussi appréhension avec, pour corollaire, l’esprit critique, ce qui n’est pas un défaut, ou la suspicion.
Alors que des médecins craignent les réticences des Français face à la campagne de vaccination, qui ne sera pas obligatoire, le ministre des Solidarités et de la Santé a insisté sur la "chance" qu'elle représente. "Aujourd'hui, avant même de nous immuniser contre le coronavirus, nous devons d'abord nous immuniser contre les peurs. C'est aussi ma responsabilité, notre responsabilité collective", a indiqué récemment Olivier Véran.
"Le vaccin contre la peur, c'est la connaissance et c'est la bonne compréhension", a-t-il ajouté, promettant que les Français disposeraient du même niveau d'information que le gouvernement.
"Je m'engage tout au long de la campagne vaccinale à ce que nous fassions preuve de la transparence la plus totale sur l'efficacité du vaccin, acceptabilité de la population, l'évolution des recommandations scientifiques et médicales, l'organisation pratique de la campagne, les éventuels effets indésirables, qu'ils soient graves ou bénins", a promis le ministre.
La vaccination est au cœur de l'actualité et les auditeurs écrivent très massivement à ce sujet :
« Je m'étonne : pourquoi toujours évoquer une "crise de confiance" et associer les doutes des Français quant à l'usage d'un vaccin plutôt que d'un autre en avançant des motivations liées à des enjeux économiques, financiers, voire complotistes ? Pourquoi ne pas élever le débat et s'interroger sur ce que signifie, à l'échelle de l'histoire de l'Humanité, préférer un vaccin à ARN plutôt qu'un vaccin selon la méthode Pasteur ? Si les doutes ne sont pas aussi liés à un choix d'évolution pour l'Humanité ? Entre provoquer une inflammation ou bloquer une gêne ? Je le dis maladroitement et avec mes mots (je ne suis pas scientifique, ni médecin, ni épidémiologiste). Mais j'aimerais entendre des chercheurs, des philosophes, s'interroger, et nous avec, de cette façon. »
« Je viens d'écouter votre chronique sur les vaccins et je suis choquée. Comment pouvez-vous cataloguer les français en deux camps ? Ceux qui savent d'un côté, les biens pensants, et ceux qui ignorent et ont peur, de l'autre, les ignorants qui se tournent vers des médecines alternatives et les traiter de complotistes ! Je n'appartiens à aucun des deux mais pourtant je me fais vacciner et me pose aussi des questions et demande des réponses. Comment pouvez-vous avoir des propos aussi réducteurs quand on sait que des scientifiques et médecins eux-mêmes, doutent de l'efficacité de ce vaccin anti covid et de ses effets secondaires. Le monde n'est ni blanc ni noir et les laboratoires ne sont pas non plus des organisations philanthropiques. Mauvaises informations dites-vous ? Justement, votre travail de journaliste n'est-il pas de poser les bonnes questions, d'enquêter sur des faits .»
« En tant que scientifique, je suis catastrophé par la petite musique qui se répand sur les ondes de Radio France à propos des premiers vaccins. Comme vous le savez sans doute, la cacophonie à propos du covid depuis mars dernier a fait reculer la confiance des français dans la science de plus de 20% et introduit le doute partout. Au moment où enfin un espoir énorme de s'en sortir arrive, par pitié, ne recommencez pas la même erreur. Invitez donc des chercheurs de l'Inserm, du CNRS, de Pasteur, des médecins épidémiologistes... Il existe beaucoup de scientifiques extrêmement compétents en France. Ne ratez pas ce moment historique. Le simple fait que les médias ne s'interrogent pas sur la lenteur française à organiser la vaccination (en comparaison des allemands et des britanniques), mais reviennent uniquement sur les craintes du public, est accablant. De grâce, réintroduisez la Science et de l'objectivité dans les médias ! »
Question à ne pas poser ?
Est-il journalistiquement éthique de demander à un médecin ou un politique s'il va se faire vacciner nous demande un auditeur :
« Je trouve assez choquante, par son coté intrusif, cette espèce de "mode" qui a saisi nombre de journalistes ces jours-ci, et parmi les meilleurs, qui consiste à ponctuer les interviews de médecins ou de politiques de la question à cent sous : "Et vous, est-ce que vous allez vous faire vacciner ?". Je vous pose à mon tour la question sensible qui semble passer sous vos radars : "Et vous, avez-vous entendu parler du secret médical ?!"
La bonne cause du bon exemple donné par des personnalités d'influence n'autorise pas à porter ces coups de canifs à ce secret médical. Porter des coups au double sens du respect des personnes qui s'expriment à votre micro sur nos ondes, et du respect public de cette règle éthique fondamentale.
Le fait que le vaccin "n'est pas obligatoire" laisse ipso facto ouverte la liberté au patient ou au citoyen de faire son choix, choix du moment, choix du type de vaccin ou choix de ne pas se faire vacciner. »
Matthieu Mondoloni, directeur adjoint de la rédaction de Franceinfo, répondra à cette question demain dans le rendez-vous de la médiatrice à 11h51.
Les invités et leurs éventuels conflits d’intérêts
C’est une demande que l’on reçoit régulièrement depuis que des médecins, des scientifiques et des chercheurs s’expriment sur la pandémie : les auditeurs souhaitent une « certification » des invités. En d’autres mots, ils veulent avoir la garantie que le propos vient d’un interlocuteur dont le profil est correctement établi, puisque s'il y a soupçon de conflit d’intérêts cela peut semer le trouble dans l’esprit du public :
« Pourrions-nous avoir dans ces débats un CV complet des interviewés qui prouve leur neutralité eut égard aux lobbys pharmaceutiques ? Nos impôts sont en jeu dans des investissements importants de nos impôts auprès de ces même lobby labos... »
« Serait-il possible pour nos journalistes préférés de vérifier et d'indiquer les liens d'intérêt de leurs intervenants "scientifiques" et des médecins ? Cela est courant dans les colloques et permet de situer les prises de position des intervenants sans nécessairement la disqualifier. »
Hier, dans le rendez-vous de la médiatrice sur France Culture Sandrine Treiner directrice de la chaîne a répondu aux auditeurs et demain, cette question de la « certification » des invités sera également posée à Matthieu Mondoloni sur Franceinfo.
Campagne publicitaire de l’Œuvre d’Orient
En début de semaine, de nombreux auditeurs nous ont écrit au sujet de la campagne publicitaire de l’Œuvre d’Orient et ce message résume bien la teneur de ceux que nous avons reçus :
« Je découvre que votre radio refuse désormais (car vous l'autorisiez autrefois) des publicités de l'Œuvre d'Orient car elles font la mention des "chrétiens". Je suis choqué par votre positionnement et vous invite à (re-)découvrir le sens du mot laïcité. La laïcité garantit aux croyants et aux non-croyants le même droit à la liberté d’expression de leurs croyances ou convictions. J'espère que cet éclairage vous aidera à revoir votre position comme acteur du service public. »
L’Œuvre d’Orient est une association caritative, qui vient en aide aux chrétiens persécutés au Liban, en Syrie et en Irak. Radio France a rappelé en début de semaine que la régie publicitaire avait apporté une réponse positive à l’association tout en lui indiquant la nécessité de ne pas faire exception au cadre qui s’applique à tous les messages et à tous les annonceurs sur le service public. Ce cadre est celui notamment fixé par le cahier des missions et des charges de Radio France, dont l’un des principes est de tendre vers une publicité neutre sur les questions religieuses, morales ou politiques sur le service public. La solution initialement envisagée était de diffuser le spot de l’association en mentionnant son nom « L’Œuvre d’Orient ».
L’association souhaitant faire mention spécifiquement des Chrétiens d’Orient dans son message publicitaire, de nouveaux échanges ont eu lieu avec l’association. Compte tenu de la teneur du message publicitaire précisément souhaité, appelant à des dons pour une action humanitaire au bénéfice de toutes les populations dans le besoin quelles qu’elles soient et ainsi compatible avec les textes applicables, Radio France est en mesure d’accéder à la demande de l’association d’une campagne sur ses antennes en cette fin d’année.
L’origine de la violence
52 350 personnes, dont 5000 à Paris, ont manifesté samedi dernier contre la loi de sécurité globale, selon le ministère de l'Intérieur. Outre la capitale, les plus gros rassemblements ont été enregistrés à Lyon (5000), Strasbourg (2500) et Rennes (1500). 64 personnes ont été interpellées. "Les casseurs cassent la République" a réagi sur Twitter, Gérald Darmanin.
Dans la restitution médiatique des manifestations contre la loi Sécurité globale, la violence occupe une place centrale. De fait, les forces de l’ordre, notamment à Paris, sont face à la difficile équation posée par les casseurs.
Des voitures brûlées, des banques et des agences immobilières vandalisées, des policiers et gendarmes noyés sous une pluie de projectiles : la manifestation parisienne samedi dernier, 5 décembre, a reproduit un scénario bien connu depuis quelques années des autorités, sans que celles-ci semblent en mesure de l'endiguer, au grand dam des manifestants pacifiques qui voient leurs revendications passer au second plan comme le souligne des auditeurs :
« Pourquoi l'information au sujet des manifestations commence-t-elle toujours par la fin, c'est à dire les violences ? Est-ce que quelqu’un dans vos chaînes se pose la question ? Qui décide ce genre de chose ? Reprise de communiqués officiels, tics de langage, volonté de décrédibiliser les manifestants et donc leurs revendications ? Absence de réflexion sur le contenu de l'information ou volonté de faire passer un message, les deux me paraissent désolant. »
« Certains manifestants disent qu'il faut casser pour se faire entendre. Pourquoi leur donner raison et donner un large écho à l'antenne et faire de la publicité à ces mouvements de vandalisme et ces comportements délictueux ? Et d'un autre côté minorer le temps de reportage sur les causes légitimes (ou pas) des manifestants pacifiques ? »
Outre cette remarque, les auditeurs souhaiteraient que l’on n‘en reste pas à la simple mention descriptive de cette violence mais que l’on s’intéresse à son origine, à sa typologie afin d’apporter des éléments de compréhension à cette radicalité :
« Je trouve cela dérangeant de voir qualifier de "casseur gâchant la manifestation" ces personnes qui par leur expérience en arrivent à de tels moyens d'action.
La façon dont ces actes et leurs motivations sont présentés élude totalement la réflexion qui sous-tend ce type d'action (et non comportement, car c'est bien là une réaction face à un constat d'échec : manifestations classiques ignorées par les gouvernements + répression policière systématique). Les études sociologiques montrent la diversité des profils de ces "casseurs" et en même temps la continuité de leur réflexion politique... Ils font partie à part entière des manifestations depuis le G8 de Gênes. Penser ces mouvements comme issus seulement d'une soif de destruction empêche toute compréhension de ce qu'ils signifient. »
« Afin de mieux lutter contre les violences de groupes, voire de les éviter, n'est-il pas fondamental avant tout de connaître leur organisation et surtout leurs motivations : désœuvrement, convictions politiques, liaisons Black Blocs-Gilets Jaunes ? »
« J’aimerais beaucoup que vous parliez de la raison de cette violence, durant votre émission. Une violence révolutionnaire en réponse de la violence institutionnelle soutenue par la violence répressive.
Il existe beaucoup de traités à ce sujet, et des hommes de grande valeur en ont soulevé l'hypocrisie (de n'appeler violence que celle révolutionnaire). »
Détournement de sigles
Détourner un slogan via un tweet peut générer autant, sinon plus, de courriels critiques qu’une chronique humoristique sur l’antenne. Publié il y a six jours, à l’occasion de la manifestation contre la loi de sécurité globale, le tweet « #BonneManif #ACAB #AllCopsAreBisounours » signé Guillaume Meurice détournait un slogan « ACAB » signifiant originellement « All cops are bastards », en français « tous les flics sont des bâtards ».
L’humoriste a remplacé par d’autres mots commençant par les mêmes lettres ceux qui composent le sigle original « ACAB » Dans sa réappropriation, Guillaume Meurice reformule par « Tous les policiers sont des bisounours ».
Dans notre univers contemporain, le détournement de sigles, de slogans ou d’affiches publicitaires est une pratique humoristique répandue mais selon le contexte, ce détournement peut heurter comme le souligne un auditeur, grand fan de Guillaume Meurice :
« Auditeur fidèle et hilare, je tenais quand même à dire à Guillaume qu'il a dépassé les (mes) bornes avec son #ACAB. Autant, se payer la tête de Lallement et des CRS, ça se justifie. Mais non, tous les flics ne sont pas des salauds. Il y'en a en ce moment même qui traquent des cyberpédophiles sur le darknet, ou d'autres qui soutiennent des familles ayant perdu un enfant. Le jour où ma fille a fugué de chez sa nourrice et s'est retrouvée seule à 3 ans en pleine ville, je peux vous dire que j'ai béni les deux policiers qui, avec patience, ont réussi à lui faire retrouver notre domicile, contacté nos voisins afin de nous localiser et assuré une fin heureuse. Donc je ne vous demande pas d'embrasser les flics ou de faire leur apologie, mais svp ne rentrez pas dans la généralisation bête et crasse. Continuez de taper sur les fachos et les réacs que vous croisez quotidiennement dans la rue, mais ayez le minimum de respect pour les nombreux policiers faisant leur boulot humblement. Bref, ne tombez pas dans la facilité. Vous valez mieux que ça. »
Des auditeurs et des twitteurs n’ont pas apprécié. D’autres au contraire ont rappelé que cette pratique, ancrée dans la culture populaire et étudiée par des sociologues et des linguistes, s’inscrit d’abord dans une dimension ludique par le jeu de mots qu’elle opère :
« Détourner un slogan, en inverser le sens, provoquer le rire par le menu décalage cognitif que cela provoque avec un brin de recul sur une question de société pour faire réfléchir. Rien que du classique dans le petit manuel de l’humour… Pas une affaire » écrit un twitteur (Twitteur, euse: personne qui poste régulièrement des Tweets sur Twitter, Larousse 2021.)
Nouvelle-Calédonie
La tension et l'inquiétude montent encore d'un cran en Nouvelle-Calédonie où les gendarmes ont dû faire feu, hier, jeudi 10 décembre, lors de l'évacuation de l'usine de nickel de Vale, dont la vente suscite la colère des indépendantistes et des chefferies kanak.
Les violences vont crescendo dans l'archipel français du Pacifique depuis l'annonce, mercredi, par le groupe brésilien Vale de la vente de son usine de nickel à un consortium calédonien et international, incluant le négociant en matières premières Trafigura.
Le collectif "usine du sud : usine pays" et l'Instance coutumière autochtone de négociations (ICAN) soutenus par les indépendantistes du FLNKS sont "totalement opposés" à ce projet, qui consacre selon eux "la mainmise des multinationales sur les richesses du pays".
Cette crise survient alors que le processus de décolonisation de l'accord de Nouméa (1998) arrive à son terme. Le 4 octobre, un deuxième référendum sur l'indépendance a été remporté d'une courte avance par les non-indépendantistes (53,3%). Un troisième doit avoir lieu d'ici 2022.
Jeudi, l'escalade s'est poursuivie et le site industriel de Vale, classé Seveso, a dû être mis sous protection de la gendarmerie et ses employés évacués en raison de "plusieurs tentatives d'intrusion" violentes. Ce vendredi, Sébastien Lecornu a lancé un appel au dialogue aux indépendantistes de Nouvelle-Calédonie lors d'une interview à la télé Calédonia.
Des auditeurs nous écrivent car ils s’étonnent de ne pas en entendre parler sur les antennes :
« Aucune information n'est relayée concernant la situation grave en Nouvelle-Calédonie : barrages, affrontements, dégradations et incendies... routes bloquées, écoles fermées et aujourd'hui tentatives d'intrusion dans l'usine de traitement du nickel ("process" à l'acide !) du consortium Vale, cette usine est classée seveso 2, les 400 personnes qui assuraient la maintenance ont été évacuées (l'usine est bloquée depuis deux semaines), un incendie a touché les bâtiments administratifs et les forces de l'ordre ont dû tirer.
Pourquoi ce silence ? »
« Fidèle auditeur de Radio France, je suis actuellement surpris de l'absence d'information (en diffusion radio) à propos de la Nouvelle Calédonie qui est en limite de basculer dans la guerre civile, même si les français ont d'autres préoccupations en ce moment, ce territoire est encore français ! Les Français devraient savoir que le nickel calédonien contribue à leur confort de vie : voitures, téléphones, ustensiles de cuisine, etc... »
La situation de la Nouvelle -Calédonie a été traitée sur les antennes de France Inter et France Culture, tous les liens sont à retrouver ici.
« Mon vieux »
Elie Semoun signe un documentaire sur "son vieux" qu’il aimait tant. L'humoriste a suivi les derniers mois de son père, atteint de la maladie d’Alzheimer. Il était invité de L’instant M de Sonia Devillers mercredi sur France Inter et c’est le coup de cœur des auditeurs cette semaine :
« Elie Semoun, vous êtes un homme formidable, ne pensez pas à ceux qui vous insultent, ce matin je vous écoute avec émotion. J’ai vécu l’EHPAD avec mon papa et j’en ai énormément souffert. Vos paroles me font du bien. Restez comme vous êtes, doux, généreux, profond jusque dans votre humour. »
« Merci beaucoup Monsieur Semoun pour ce témoignage si juste, si tendre et tellement vivant ! »
« Elie est un homme pudique il ne fait que témoigner pour les personnes dans la même situation que lui ou similaire. C’est un type épatant ! »
« Je n’ai pas encore le courage de regarder ce documentaire, mais Elie Semoun est bouleversant quand il en parle ! »
“Les petites oreilles qui traînent”
Bien involontairement, il arrive qu’au détour d’une phrase, un présentateur brise « la magie de Noël » et plonge nos plus jeunes auditeurs dans une profonde désillusion :
« Ce matin, heure de grande écoute et de réveil, vous avez annoncé sans ménagement ni avertissement, ni tournure de phrase étudiée, que des milliers de parents français ne pourraient « ACHETER des cadeaux à leurs enfants pour Noël ». Mon fils de 5 ans qui croyait encore jusque-là au Père Noël a tout entendu. D’habitude ce genre de sujet est abordé avec plus de délicatesse : « le Père noël ne passera pas dans des milliers de foyers français faute de moyens » aurait été préférable pour les petites oreilles qui traînent. »
La remarque n’est pas nouvelle. Il y a quelques années déjà un présentateur avait commis « ce dérapage » déclenchant une avalanche de messages d’auditeurs. A charge ensuite pour les parents de se lancer dans une argumentation matinale, aussi acrobatique qu’invraisemblable, pour cautionner l’existence du Père Noël - reposant néanmoins sur une construction collective, un mensonge d’adultes diront certains. En conclusion de cette délicate explication, considérée avec tout l’intérêt qu’elle mérite par « les petites oreilles qui traînent », les parents argueront que le journaliste a manifestement commis une maladresse. Cependant, ne doutons pas que, la plupart du temps, les présentateurs trouvent une formule astucieuse pour évoquer les achats de Noël sans briser ce mythe qui allie le mystère au merveilleux.
Emmanuelle Daviet
Médiatrice des antennes