Le juste milieuLa chasse, l’homéopathie, les grilles de l’été et Claude Guéant font vivement réagir nos auditeurs cette semaine.
Carton plein pour « Le débat de midi » sur France Inter consacré aux chasseurs mardi dernier. On sait le sujet clivant, on devine moins l’extraordinaire flot de messages qu’il peut entraîner lorsqu’il est abordé sur une antenne. A peine deux heures après la fin de l’émission un demi-millier de mails offrait déjà une caisse de résonnance à la conflictualité de ce débat habilement mené par Dorothée Barba. Habile car équilibré avec la volonté d’organiser des échanges où priment les arguments étayés, l’écoute et le souci d’alimenter la réflexion des auditeurs, sans l’ambition vaine de réconcilier des parties foncièrement opposées. Mais la bataille s’est poursuivie ensuite. Hors antenne. Dans l’écriture. Des mails par centaines. Les anti-chasse estimant que la parole a été trop donnée aux pro-chasse. Les pro-chasse considérant qu’on a trop laissé le micro aux anti-chasse. Tous ces courriels traduisent l’opposition récurrente entre les tenants de
« l’abolition de la chasse » et ceux qui militent pour que
« leur action en faveur de la préservation de la biodiversité » soit reconnue, ceux qui accusent les chasseurs de
« la disparition des espèces » et ceux qui dénoncent
« les dégâts causés par l’agriculture intensive dans les campagnes ». Trouver le juste milieu sur ce terrain miné est une gageure, favoriser le débat contradictoire est vertueux.
Faut-il organiser un débat contradictoire lorsque la science s’est prononcée ? La Haute Autorité de Santé s’est déclarée vendredi dernier en faveur du déremboursement de l'homéopathie au motif que :
« les médicaments homéopathiques n'ont pas démontré scientifiquement une efficacité suffisante pour justifier d'un remboursement ». L’économie pour la sécurité sociale est évaluée à 126 millions d'euros d'économie. L’avis est désormais connu mais l’arbitrage politique est loin d’être rendu. Pour en parler dans la matinale de France Culture Olivia Gesbert recevait lundi deux grandes voix de la médecine : Alain Fischer, médecin spécialiste d’immunologie, chercheur à l’Inserm, Professeur au Collège de France et signataire de la tribune « Il faut dérembourser » paru dans
L’Express en décembre dernier, aux côtés de 130 membres des académies des sciences, de médecine et de pharmacie. En studio également le diabétologue André Grimaldi, professeur émérite à la Pitié Salpêtrière, auteur d’une tribune dans
Le Monde à l’automne dernier, où il se prononçait contre l’interdiction mais pour le déremboursement.
Peut-on évoquer le sujet sereinement et scientifiquement ?A l’écoute des échanges entre les invités, la réponse est oui incontestablement. A la lecture des courriels reçus, sérénité et propos scientifique sont promptement balayés par
« l’indignation » « la sidération » « la colère » des auditeurs, l’un d’entre eux évoquant même une
« atteinte au droit à l’information ». Principal reproche ? L’absence sur le plateau de spécialistes de l’homéopathie :
« Quel scandale ! Vous invitez deux médecins qui ne connaissent pas l’homéopathie (…) tandis que plusieurs centaines ou milliers de médecins exercent en France. Les jugez-vous tous idiots au point de ne pouvoir s’exprimer à la radio et de tenir un discours cohérent sur leur discipline ? » ou encore :
« J’ai été sidérée par la partialité du débat. Pourquoi n’invitez-vous pas au moins une fois des scientifiques spécialistes et défenseurs de l’homéopathie qui pourraient expliquer aux auditeurs comment cela fonctionne réellement et ne pas laisser bêtement l’argument unique de l’effet placebo ? » La haute autorité de santé justifie ainsi le déremboursement de l’homéopathie : l’efficacité de l’homéopathie n’est prouvée par aucune étude, elle est souvent utilisée pour des
« pathologies sans gravité ou qui guérissent spontanément », son impact sur la qualité des vie des usagers ne peut pas être évalué selon les données actuelles, enfin rien ne démontre qu’elle permet de
« réduire la consommation d’autres médicaments ». Outre l’absence d’un médecin homéopathe, des auditeurs pointent le mépris des deux médecins invités :
« entendre ces scientifiques ricaner est vraiment méprisant pour toutes ces personnes qui ont bénéficié de ces médicaments ». Précisément, avant de présenter l'avis, la présidente de la Haute Autorité de Santé, Dominique Le Guludec, a voulu envoyer
"un message de respect aux personnes qui utilisent l'homéopathie et pensent que cela leur fait du bien". "Il n'est pas question de contester leur expérience (mais) ce que nous avons à juger, c'est si une démonstration d'efficacité est suffisante pour justifier le remboursement par la collectivité", cet aspect est capital car c’est notamment sur lui que repose l’argumentation des deux invités en plateau.
Lundi toujours, au micro de la matinale de Franceinfo, Claude Guéant, l'ancien secrétaire général de l’Élysée sous la présidence de Nicolas Sarkozy invité à réagir à l'interview donnée dimanche soir par l'ex-chef de l'État. Un choix très critiqué par les auditeurs et internautes: «
Je suis resté sans voix en entendant Claude Guéant sur votre antenne. Sans aucune présentation ni recul pour les auditeurs qui ne sont pas au fait de ses turpitudes et condamnation ou poursuite judiciaire. N’y avait-il aucune question à lui poser sur l'exécution de ses peines ? ». Des auditeurs qui à travers ce cas s’interrogent plus largement sur le fonctionnement de la rédaction :
« Selon quels critères sont choisis les invités de la matinale de Franceinfo ? Et qui décide ? Est-ce une décision collégiale ? Ou le choix des journalistes ou bien c’est le directeur de Franceinfo qui décide tout seul ? ». Ces questions ne resteront pas sans réponse, Richard Place directeur adjoint de la rédaction de Franceinfo vient y répondre samedi 6 juillet à 11h51 et 13h51.
Argumentations, débats, rencontres, dialogues sont au cœur des nouvelles grilles de l’été. Dès les premières heures de diffusion des nouvelles émissions, les auditeurs ont écrit pour dire ce qu’ils en pensent, réactions à lire ci-dessous, car en effet chères auditrices, chers auditeurs, vous nous écrivez, beaucoup, souvent avec passion, pour dire votre humeur du moment à l’écoute de votre station. Alors nous vous proposons cet été un autre sujet d’écriture : vous. Racontez-nous quelle auditrice, quel auditeur vous êtes, comment la radio accompagne votre journée, votre soirée, quelles voix comptent pour vous, parlez-nous de votre station. Le calme de l’été est propice aux exercices d’écriture…
Ecrivez-nous et nous partagerons vos messages sur le site de la médiatrice. #VoixDesAuditeursNous vous souhaitons à tous un très bel été à l’écoute des antennes de Radio France.
Emmanuelle Daviet
Médiatrice des antennes
Voici les dominantes du 29 juin au 5 juillet 2019 à retrouver dans les messages des auditeurs ci-dessous :