Les yeux sur le monde
Cette semaine, l’actualité internationale occupe incontestablement le devant de la scène. Santiago, Alger, Beyrouth... Troublante simultanéité des secousses qui agitent la planète. Toutes ces révoltes, tous ces troubles, toutes ces foules qui convergent dans le cœur des villes ont en commun le rejet de la corruption systémique, le refus du libéralisme exacerbé, la lutte contre les inégalités, et in fine la contestation radicale d’une classe dirigeante inamovible ou des pouvoirs politiques en place.
Dans leurs messages, les auditeurs reprochent soit un traitement partisan, notamment pour la Catalogne, soit un traitement insuffisant, voire carrément une absence de traitement.
« Pourquoi donnez-vous une vision si réduite de ce qui se passe au Chili? Vous ne mentionnez pas les casses, les incendies, les pillages, les dégradations du métro, les menaces d’aller envahir les quartiers résidentiels. » énumère Lorena. Le Chili connaît la pire crise sociale du pays depuis trente ans avec des affrontements sanglants qui ont déjà fait dix-neuf morts. Les militaires sont déployés pour la première fois depuis la fin de la dictature du général Augusto Pinochet. Tout le travail des antennes est à retrouver ici.
Au Liban, l’armée a fait son apparition en masse mercredi dans les rues, pour la première fois depuis le début d’un soulèvement populaire sans précédent contre la classe politique il y a deux semaines. « Je ne comprends rien à la situation au Liban (…) je suis étonné de ne pas avoir entendu une explication à cette situation. » écrit Christophe. Banques, écoles, et universités sont fermées jusqu’à nouvel ordre. A l’origine de cette colère : le projet de taxation des appels sur la messagerie Whatsapp. Les rédactions ont couvert cette actualité, à retrouver ici.
En Catalogne, on manifeste demain. Y aura-t-il un demi-million de personnes dans les rues, des quartiers en feu, des scènes de guérilla urbaine comme le week-end dernier ? Les reportages diffusés ou les interlocuteurs invités à s’exprimer sur le sujet cette semaine ont fait réagir les auditeurs, messages à lire ci-dessous.
En Algérie, pour la 36ème semaine consécutive une nouvelle manifestation se déroule ce vendredi 24 octobre. « Je ne comprends pas pourquoi mes radios préférées n’accordent pas la place adéquate pour nous aider à comprendre l’ampleur des évènements en Algérie ? Des milliers de citoyens défilent depuis des semaines. Faut-il attendre que l’armée les canarde pour qu’on en parle ? » s’interroge Latéfa. Parmi les revendications des manifestants : replacer la souveraineté du peuple au cœur de la vie politique, remettre à plat la redistribution des richesses nationales.
« Je l’ai rêvé qu’il se passe quelque chose en Haiti ? Inégalité, corruption. Vous n’en parlez pas. Pourquoi ce silence ? » Haïti est secoué par deux mois de manifestations violentes avec en ligne de mire la démission du président, manifestations lancées fin août après une pénurie de carburant dans le pays.
Dans cette longue liste, nous pourrions aussi, bien sûr, évoquer la situation aux frontières syro-turques et Hong-Kong.
On ne peut faire aux auditeurs le reproche de ne pas écouter l’intégralité des antennes. Ces sujets sont traités et nous vous proposons ici les liens pour écouter les reportages ou les émissions consacrées à l’actualité internationale. Cependant tout ne peut pas être couvert. L’actualité à l’étranger est extrêmement dense. Le volume de courriels reçus à ce sujet en atteste. Jean-Marc Four, directeur de l’information internationale de Radio France répond demain, 26 octobre, aux questions des auditeurs dans le rendez-vous de la médiatrice sur franceinfo à 11h51. Il reviendra sur les arbitrages éditoriaux en période de forte actualité.
En France, le Premier ministre et la ministre de la santé dévoilaient ce mercredi la Stratégie pour les aidants familiaux 2020-2022, avec notamment la création d’un congé indemnisé. Dans la matinale, au micro de Léa Salamé et Nicolas Demorand, la secrétaire d’Etat Sophie Cluzel a appelé à être « solidaires avec ceux qui le sont déjà ». Cet entretien, salué par les auditeurs, les a incités à se confier sur leur quotidien d’« aidants ». Leurs témoignages sont rassemblés dans notre « Débat de l’actu ».
Invitée, mardi, du Grand entretien de France Inter Muriel Pénicaud, ministre du travail, écorne, en le citant, un article du Code du travail. Réactions immédiates de l’autre côté du poste. « Je bondissais sous ma douche lorsque j’entendais évoquer le droit de retrait ! Je suis avocate. Je rageais de ne pas être sur votre plateau pour lui expliquer que ce qu’elle disait était absurde ! » écrit Cécile. L’article du journaliste Olivier Bénis a rapidement apporté le correctif nécessaire sur le site de France Inter. Dixit les auditeurs : « Carton jaune pour l’invitée ! ».
Le jaune, la couleur mal aimée. Couleur du déclin, de la maladie, on rit jaune, on a le teint jaune. A l’époque médiévale, on affuble de jaune la maison des faux-monnayeurs. Au XIXème, les maris trompés sont caricaturés en costume jaune. C’est également la couleur de l’étoile qui désignait les juifs. Le jaune ne porte ni une belle histoire, ni une bonne réputation. Michel Pastoureau, le spécialiste mondial des couleurs et des symboles pronostiquait dans un livre publié en 2005 : « Etant tombée très bas, cette couleur-là ne peut que se redresser. Le jaune a un bel avenir devant lui. » Visionnaire ! Il semble en effet que depuis l’an dernier la couleur entame une mutation sociale et idéologique. Des gilets jaunes à la chromophobie, lundi au micro d’Augustin Trapenard, cet érudit a repeint "Boomerang" en jaune et l’a auréolé d’un très beau texte sur la condition animale. Plébiscite des auditeurs, cette émission est l’un de leurs coups de cœur cette semaine. Dans le petit monde des couleurs, le jaune est l’étranger, celui dont on se méfie, celui que l’on voue à l’infamie, l’apatride. Apatride ou plutôt exilé, l’iranien Reza Deghati invité hier de "l’Instant M" a dévoilé, de concert avec Sonia Devillers, ses clichés de la révolution islamique et ses dérives. Ultimes regards de l’un des plus talentueux photojournalistes sur son pays avant l’exil. C’est l’autre coup de cœur des auditeurs.
Journalistes, historiens, photographes, leur dénominateur commun ? Le réel. Chacun le cisèle différemment. Leur travail propose une forme de rencontre avec le monde, une manière singulière de le dire, de le dévoiler, de le rendre accessible. Leurs regards sur le monde sont nos yeux pour le comprendre.
Voici les dominantes du 18 octobre au 25 octobre 2019 à retrouver dans les messages des auditeurs ci-dessous :