Oscillations
« Que se passe-t-il à la table des négociations de Radio France ? » « Envisagez-vous de nous informer sur la grève ? Les derniers développements sont inexpliqués et incompréhensibles : on ne sait même pas qui fait grève et combien sont-ils ? ».
Les antennes en grève mardi 21 janvier ont suscité de vives réactions et une très forte incompréhension de la part des auditeurs. Un point sur la situation sociale à Radio France est à retrouver ici. En substance, indiquons que la présidente de Radio France a annoncé jeudi 23 janvier dans un mail aux salariés qu'elle était favorable à une proposition de plusieurs syndicats : le remplacement du plan de départs volontaires par une procédure alternative et négociée, la rupture conventionnelle collective. Elle a dès lors proposé de suspendre le processus qui doit mener à la mise en œuvre du plan de départs volontaires, le temps de négocier avec les organisations syndicales les termes d’une rupture conventionnelle collective, qui n’est possible qu’avec la signature d’un accord majoritaire.
Les syndicats demandent toujours, avant tout, à négocier une baisse du nombre de postes supprimés. Suite à la baisse du budget de l’audiovisuel public, décidée en 2018 par le gouvernement, la direction de Radio France avait présenté mi-novembre un plan de départs volontaires concernant 236 postes d’ici 2022, avec des départs répartis sur les trois années et réalisés en même temps que des réorganisations.
Réforme du bac
Le ministre de l'Éducation, Jean-Michel Blanquer, a fait état d'une "quarantaine" de lycées perturbés en début de semaine lors des épreuves de contrôle continu du nouveau baccalauréat qui viennent de débuter et dont les syndicats enseignants demandent la suppression. Ces épreuves, connues sous le sigle "E3C", doivent s'étaler sur un mois et demi en fonction des lycées. Grandes innovations du nouveau bac, elles sont réparties en trois sessions sur les années de première et terminale et comptent pour 30% de la note finale.
Les perturbations ont commencé dès le week-end dernier. Samedi, les épreuves qui devaient se tenir au lycée Blaise-Pascal de Clermont-Ferrand, ont été annulées après l'intrusion d'opposants dans les couloirs de l'établissement. "C'est un scandale", a commenté dimanche 19 janvier M. Blanquer sur France Inter. "C'est très grave et il y aura donc des poursuites". "Je ne cède pas à ce genre d'intimidation".
Son passage dans l’émission « Questions politiques » a d'ailleurs fait vivement réagir des auditeurs-enseignants estimant que la contradiction journalistique n’avait pas été suffisamment apportée à leur ministre : « Comment ne pas entendre les professeurs de lycée qui protestent depuis plus d'un an contre une réforme qu' ils jugent inefficace? », « Il est dans le déni de ce qu’il se passe dans les écoles et collèges-lycées et il aurait fallu vraiment le mettre devant les faits ! Lui avancer les chiffres ! »
Les opposants au nouveau bac envisagent plusieurs modes d'actions : grèves de surveillance, refus de corriger les copies ou de transmettre les notes, comme lors de la dernière session du bac très perturbée. Autre mode de protestation observé et filmé devant le rectorat de Caen: après le jet de manuels scolaires un gréviste a brûlé l’ouvrage « Fahrenheit 451 » de Ray Bradbury. Réaction de Jean-Michel Blanquer au micro d’Ali Baddou : « C’est une folie. Brûler un livre dès que l’on a un peu de culture, c’est évidemment quelque chose qui fait mal. Par l’acte en lui-même et ce qu’il signifie sur le plan historique. Si cette personne est un professeur, elle n’est pas digne d’exercer ce métier. » Réponses des auditeurs : « Ne pensez-vous pas qu'il faille chercher les causes au fait qu'un professeur brûle un livre par mécontentement avant de le déclarer indigne d'exercer son métier ? », « Ce jeté de manuels voulait rendre compte des montagnes de livres envoyés au pilon à cause de la réforme qu'il a voulue, et qui les a rendus obsolètes.»
Interrogeons ici le rapport à l’Histoire et au symbolique en rappelant que le 10 mai 1933 devant l’opéra de Berlin et dans plusieurs villes allemandes des dizaines de milliers de livres ont été brulés par des étudiants, des enseignants et des membres du parti nazi. Que signifie brûler un livre, qui plus « Fahrenheit 451 », qui plus est à quelques jours de la commémoration des 75 ans de la libération d'Auschwitz ?
A l’occasion de cette commémoration, Israël a accueilli cette semaine une quarantaine de dirigeants dans l'un des plus grands rassemblements de leaders jamais organisés à Jérusalem. Un sujet largement traité sur les antennes et un emploi parfois fautif du verbe « commémorer » relevé par un auditeur : « Nous commémorons (se souvenir ensemble de) la libération du camp d'Auschwitz, en janvier 1945. Des cérémonies marqueront cet anniversaire en Israël. Bref nous commémorons ou nous assistons à la commémoration d'un événement. Mais nous marquons, célébrons, fêtons... un anniversaire ». D’autres auditeurs nous demandent ce que signifie « juif » et «sémite ». Les explications ici en vidéo.
« Que fait la police ? »
« Pour une fois vous abordez un thème que France Inter feint d'ignorer depuis des mois ». Gros succès du Téléphone Sonne du lundi 20 janvier sur la police. Entre citoyens et policiers, ces dernières semaines, les affaires de violence se multiplient : coups et injures pleuvent. Un climat de tension qui a appelé une réponse du gouvernement, jugeant ces faits non-"acceptables". "La police doit-elle faire son autocritique ?" a demandé Fabienne Sintès. La question a tellement passionné les auditeurs que les échanges se sont poursuivis de façon intense via le service de la médiation : « Vu de l'étranger, la France semble se délecter dans la violence. Le petit frisson du Gaulois révolutionnaire qui perdure peut-être ? Peut-être qu'il s'agit d'un problème de mentalité nationale généralisée, et du côté de la police et du côté des manifestants. », « La violence semble se banaliser des deux côtés », « Les policiers ne se" jettent" pas impunément sur des manifestants pacifiques il faut arrêter les délires. Jets de projectiles en tous genres, dont acide, comment ne pas reconnaître. la volonté délibérée de tuer du flic . », « Ils tapent sur des gens qui n'ont rien fait ! J'y étais. et ce ne sont pas les individus à risque qui sont frappés. », « Même si j’y vais la peur au ventre, je continue à aller manifester car je refuse de me laisser intimider. », « On parle des bavures. Mais on oublie que la police n'a plus d'autorité au quotidien », « En 5 ans, les policiers sont passés de "on vous aime" à "on vous craint" ».
La police est intervenue en force vendredi 17 janvier alors que plusieurs dizaines d'opposants à Emmanuel Macron s’étaient rassemblés devant le théâtre des Bouffes du Nord où il passait la soirée. Ils ont tenté d'entrer avant d'être repoussés par les forces de l'ordre. La présence du président de la République avait été signalée sur Twitter par Taha Bouhafs. Ce dernier se présente comme un « journaliste des luttes » et son cas suscite questions et scepticisme : « Je ne considère pas que les seules vidéos de son téléphone portable soient des actes de journalisme ! Je sais qu'il y a eu des soutiens des médias envers ces nouveaux journalistes autoproclamés », « Vos journalistes ont fait état toute la journée de la qualité de "journaliste-militant" de Taha Bouhafs. Peut-on avoir une définition permettant aux auditeurs que nous sommes de cerner cette nouvelle espèce journalistique ? ». Vincent Giret, directeur de France info, répond à leurs questions demain, samedi 25 janvier, dans le rendez-vous de la médiatrice à 11h51.
Nos « Débats de l’actu »
Retraites : les femmes « grandes gagnantes » ? Question posée ce matin vendredi 24 janvier dans Le grand entretien sur France Inter à Muriel Pénicaud. « La promesse du Premier ministre sera tenue » répond la ministre du travail. Réactions immédiates des auditeurs : « Cette réforme est imposée aux Français sans connaître précisément ses mécanismes les plus cruciaux. » « Qui va payer ? Qui va gagner ? » « Comment le nouveau régime se mettra-t-il en place ? » autant d’interrogations qui alimentent massivement notre Débat de l’actu sur les retraites, en ligne depuis le 28 novembre dernier ici.
Cette semaine le nouveau Débat de l’actu sur le site de la médiatrice est consacré au vélo à la suite du Téléphone Sonne du 22 janvier. Depuis le début de la grève des transports, faute de métros, faute de trains, et face aux files interminables de voitures, beaucoup de citadins se sont tournés vers la bicyclette. Des auditeurs de toute la France apportent leur témoignage et partagent leurs solutions.
Les auditeurs présentent leurs condoléances à Nicolas Demorand
Sébastien, son frère, critique gastronomique connu du grand public pour avoir été juré de l'émission "Masterchef" sur TF1, est décédé mardi à l'âge de 50 ans. A France Info, il succéda en 2007 à l’inoubliable et pétillante Anne Hudson, journaliste et ambassadrice de la cuisine française sur l’antenne. Elle avait coutume de dire « Le ciel est haut, la terre est basse. Seule la table est à la bonne hauteur ». Sébastien Demorand aurait pu être l’auteur de ces mots. Ils partagent désormais tous les deux cette formule.
Bonne lecture,
Emmanuelle Daviet
Médiatrice des antennes
Voici les dominantes du 17 janvier au 24 janvier 2020 à retrouver dans les messages des auditeurs ci-dessous :