Thomas Bangalter : "Cette première tentative symphonique est un peu une renaissance"

Thomas Bangalter publie son premier album solo, "Mythologies", une œuvre symphonique composée pour le ballet éponyme d’Angelin Preljocaj, créé en 2022 à Bordeaux - Erato
Thomas Bangalter publie son premier album solo, "Mythologies", une œuvre symphonique composée pour le ballet éponyme d’Angelin Preljocaj, créé en 2022 à Bordeaux - Erato
Thomas Bangalter publie son premier album solo, "Mythologies", une œuvre symphonique composée pour le ballet éponyme d’Angelin Preljocaj, créé en 2022 à Bordeaux - Erato
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Deux ans après la dissolution du légendaire duo électro Daft Punk, Thomas Bangalter retire son casque et prend un nouveau virage musical, avec la parution de son premier album solo "Mythologies", une grande fresque pour orchestre symphonique composée initialement pour un ballet d'Angelin Preljocaj.

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Des pistes de danse au Ballet Preljocaj, il n'y a qu'un pas de deux pour Thomas Bangalter ! Figure majeure des musiques électroniques pendant près de 30 ans avec son acolyte Guy-Manuel de Homem-Christo, l'autre moitié de Daft Punk, le musicien signe aujourd'hui une première partition symphonique, Mythologies, écrite à l'origine pour le ballet du chorégraphe Angelin Preljocaj, et interprétée sur ce disque par l'Orchestre national Bordeaux Aquitaine et le chef Romain Dumas. "J'ai toujours été intéressé par l'idée de m'attaquer à des exercices de styles différents nous explique Thomas Bangalter. J'adore la musique symphonique, et ça faisait longtemps que j'étais intéressé par l'idée de travailler sur l'orchestration. J'avais eu l'occasion déjà, avec Daft Punk, de collaborer avec des orchestres, sur des disques précédents et pour la musique du film Tron de Disney, mais nous avions fait appel à des arrangeurs et des orchestrateurs. Cette fois-ci,  j'avais envie d'entrer dans l'orchestre, d'arranger moi-même, d'écrire pour l'orchestre entièrement.

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Novice en la matière, Thomas Bangalter n'avait pas de formation musicale "classique", hormis des cours de piano pendant son enfance. Il s'est donc lancé dans cette aventure symphonique en autodidacte, ou presque : "j'ai beaucoup lu, de manière assez simple, des traités d'orchestration, ceux de Rimski-Korsakov et Berlioz notamment. Et je suis entré en immersion dans la musique symphonique - que j'ai toujours écoutée, mais là j'ai vraiment fait une cure de jouvence. Et puis je me suis lancé ! Quand j'ai commencé Daft Punk, j'avais 18 ans, le groupe s'est arrêté j'en avais 46. Cette première tentative en solo est donc aussi, un peu, une renaissance."

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Si le fait de composer "à la main" pour un ensemble 100% acoustique est une démarche inédite pour Thomas Bangalter, le musicien avait commencé à prendre ses distances avec les outils technologiques depuis plusieurs années. Pour leur dernier album, le célèbre Random Access Memories (2013), Daft Punk avait en effet invité de nombreux musiciens, Giorgio Moroder, Nile Rogers, Pharrell Williams ou Chilly Gonzales, afin de produire une musique plus sensuelle, plus charnelle. "Je continue de questionner mon rapport à la technologie, et la place de la technologie dans la société nous dit l'ex-robot. Et pour ce nouveau projet symphonique, je voulais composer sans machines, me recentrer sur l'humain, sur notre enveloppe physique, en particulier à l'occasion d'un ballet et à un moment où les choses deviennent de plus en plus virtuelles. C'est une tentative et une expérience un peu radicales pour moi. " Et pour nous expliquer ce qui pour lui fait la magie de la musique vivante, Thomas Bangalter prend l'exemple d'un enregistrement de Sviatoslav Richter qu'il affectionne beaucoup, un Prélude de Bach enregistré lors d'un concert en 1962 : "Dans ce disque, on entend les gens tousser, et on sent vraiment la vie d'une musique, ancienne mais qui continue à vivre. C'est vrai que le studio a parfois l'inconvénient de figer les choses, et l'idée du spectacle vivant, que ce soit au théâtre, à l'opéra, avec ce collectif dans la salle, sur scène, ça me touche, encore plus aujourd'hui après des mois de confinement, de séparation... Et les imperfections donnent aussi du charme à toutes ces performances ."

Est-ce que les développement récents de l'Intelligence Artificielle, les nouveaux outils de composition musicale notamment, inquiètent Thomas Bangalter ? "Mon questionnement sur la place de l'intelligence artificielle dans la société dépasse de loin la création musicale nous répond-il. J'ai été très marqué enfant par la première fois où j'ai vu 2001, l'Odyssée de l'espace de Stanley Kubrick, et j'ai l'impression qu'on est un peu confrontés aujourd'hui à la question qu'il pose avec ce film. On doit commencer à essayer d'y répondre et c'est un peu vertigineux. Je suis fasciné par la technologie, par ses avancées, la question est vraiment la manière dont on va en faire l'usage. On doit commencer à réfléchir."

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