L’univers et nos imaginaires

Trou noir ©Getty - Aaron Horowitz
Trou noir ©Getty - Aaron Horowitz
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Que veut signifier le physicien lorsqu’il dit d’un corps, d’un milieu, d’un objet ou d’une substance qu’ils sont noirs ? À quelles propriétés la noirceur se réfère-t-elle alors ? À quels symboles renvoie-t-elle ? L'astrophysicienne Françoise Combes se propose d'éclairer notre lanterne.

Avec
  • Françoise Combes Astrophysicienne à l'Observatoire de Paris, professeure au Collège de France et membre de l'Académie des sciences

" Au fond de la matière pousse une végétation obscure. Dans la nuit de la matière fleurissent des fleurs noires. Elles ont déjà leur velours et la formule de leur parfum ", écrivait le philosophe des sciences Bachelard.

Dans le langage courant, le mot noir sert à dire tantôt l’obscur, le mystérieux, l’effrayant, tantôt le caché, l’inconnu, l’opaque. Mais que veut signifier le physicien lorsqu’il parle de corps noirs, de trous noirs, de matière noire, d’énergie noire… ? À quelles propriétés la noirceur se réfère-t-elle alors ? À quels symboles renvoie-t-elle ?

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Pour obtenir des réponses à ces questions, Etienne Klein donne la parole à l'astrophysicienne Françoise Combes, lauréate de la médaille d’or du CNRS en 2020, dont l'intérêt pour les objets célestes est né à travers ses lectures, et pendant ses études secondaires. Car bien que n'ayant pas de scientifiques dans sa famille (son père était militaire), elle dit avoir toujours eu une fascination pour "ceux qui recherchaient, mais qui découvraient" : "J'étais fascinée par des gens comme Louis Pasteur, ayant découvert quelque chose qui avait un impact fantastique sur l'humanité. Marie Curie aussi, bien sûr, qui est un exemple féminin avec lequel on pouvait s'identifier."

La matière ordinaire danse, la matière noire s'effondre

Dans cette émission, Françoise Combes raconte ses nuits blanches d'observation, ses chasses aux molécules célestes à l'aide d'un télescope de douze mètres, ou encore s'épanche sur la matière noire, son sujet de prédilection : "Les galaxies se forment d'abord avec la matière noire. La matière ordinaire elle, danse avec les photons, elle est toujours en équilibre. (…Elle) ne peut pas s'effondrer car il y a la pression de la lumière, la pression de la radiation… Donc elle danse, elle danse, elle danse. Pendant ce temps, la matière noire, elle, s'effondre."

Au micro d'Etienne Klein, l'astrophysicienne évoque aussi l'astronome Véra Rubin, morte en 2016, la première à avoir imaginé cette fameuse matière noire. Elle se souvient de l'avoir rencontrée lors d'observations en Arizona. Véra Rubin lui avait confié avoir dû se battre pour se faire une place dans ce monde imaginé uniquement pour les hommes :

"[Véra Rubin] raconte que lorsqu'elle a rencontré George Gamow, son futur directeur de thèse, il l'a invitée au laboratoire de physique appliquée. Ils n'ont pu se parler que dans l'entrée du laboratoire, car les femmes n'étaient pas autorisées à pénétrer dans les bureaux, ça, ça paraît incroyable. En 1965, elle est la première femme autorisée à travailler à l'observatoire du Mont Palomar ; elle explique que les femmes n'y étaient pas autorisées pour la seule raison qu'il n'y avait pas de toilettes pour femmes. Ça, je ne peux pas le croire, parce qu'il y avait certainement des balayeuses, des secrétaires…"

La Science, CQFD
58 min

Invitée : Françoise Combes, astrophysicienne, professeur au Collège de France, titulaire de la chaire "galaxies et cosmologie".

Le Pourquoi du comment : science
4 min

L'équipe

  • Production
  • Thierry Beauchamp
    Attaché(e) de production