La revanche du triangle : de Franz Liszt à Hermeto Pascoal

Un écolier de douze ans joue du triangle isocèle lors de cours de Noël à la London School Symphony Orchestra le 29 décembre 1958 à Londres, Royaume-Uni ©Getty - KEYSTONE-FRANCE/Gamma-Rapho
Un écolier de douze ans joue du triangle isocèle lors de cours de Noël à la London School Symphony Orchestra le 29 décembre 1958 à Londres, Royaume-Uni ©Getty - KEYSTONE-FRANCE/Gamma-Rapho
Un écolier de douze ans joue du triangle isocèle lors de cours de Noël à la London School Symphony Orchestra le 29 décembre 1958 à Londres, Royaume-Uni ©Getty - KEYSTONE-FRANCE/Gamma-Rapho
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Cela fait trop longtemps que l'on se moque de cet instrument qui serait d’une facilité enfantine et peu intéressant... Détrompez-vous ! Le triangle peut être très virtuose, chargé de symboles et mener la danse du baroque à la musique contemporaine !

Vous connaissez peut-être cette illustration de Sempé dans laquelle, le chef d’orchestre salue le pianiste soliste qui est sur sa droite, qui lui-même salue le premier violon qui lui-même renvoie tous les éloges vers le second violon et ainsi de suite, avec tous les membres de l’orchestre jusqu’à ce que l’on arrive au dernier musicien, caché tout au fond C’est le triangle et comme il n’a personne à saluer sur sa droite, le voilà tout timide et impressionné qui sourit en saluant et reçoit à lui seul, par effet de vase communiquant tous les applaudissements du public ! Ce dessin réalisé pour le New Yorker en 1984 a de quoi nous faire sourire et pourtant on se dit que finalement, cette scène n’est peut-être pas si improbable que cela ! Imaginons par exemple que cet orchestre vient de jouer le Premier concerto pour piano de Franz Liszt, le triangle aurait droit à de grands honneurs tant sa place est importante dans le finale !

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Une tige en métal pliée en forme de triangle et que l’on frappe avec une baguette. Dit comme ça, c’est vrai que le triangle repose sur un principe tout bête. Cet instrument loin d’être idiot appartient en revanche à la grande famille des idiophones, c’est-à-dire des percussions dont le son provient du corps-même de l’instrument. On retrouve différents triangles, de toutes les tailles dans le monde entier, certains considèrent qu’il serait né au Moyen-Orient et d’ailleurs des compositeurs comme Gluck au 18e siècle ou Verdi au 19e l’utilisent justement pour donner un caractère oriental à leurs opéras.

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Le triangle, c’est aussi un instrument apprécié pour évoquer la magie, le mystère ou pour donner un aspect populaire à une œuvre classique. On peut penser à la Suite Pastorale d’Emmanuel Chabrier qui ouvrait cette chronique ou encore, et si l’on reste dans les chœurs d’opéra, à cette scène de danse bien arrosée extraite de Jenufa de Leos Janacek ! Un triangle qui frappe les temps forts dans l’opéra de Janacek mais qui peut faire beaucoup d’autres choses et avoir un timbre varié suivant si l’on tape vers l’angle ou au milieu d’un côté du triangle, si l’on laisse résonner ou que l’on étouffe la vibration avec ses doigts, que l’on frappe ou gratte à l’intérieur ou à l’extérieur du tube. Le triangle peut même s’avérer très virtuose surtout quand c’est le Brésilien Hermeto Pascoal qui en joue.

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Finalement, le caractère minimaliste du triangle est peut-être sa plus grande chance. Petit instrument portatif, il représente un véritable défi pour les compositrices et les compositeurs d’aujourd’hui. Il fascine par exemple Alvin Loucier qui nous fait entendre dans sa pièce Silver Streetcar for the Orchestra pour triangle amplifié, tout un orchestre percussif, tout un monde qui tient dans la main.

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