« Le 7 janvier dernier, un jeune collégien de 13 ans, Lucas, s’est suicidé à Golbey dans les Vosges. Sa mère dénonce le harcèlement homophobe subi par son fils au collège comme étant “l’élément déclencheur” de son passage à l’acte. Comment prévenir le harcèlement scolaire ? » Les auditeurs réagissent au thème du Téléphone Sonne de jeudi 2 février.

Je suis professeur titulaire depuis 7 ans maintenant et je souhaitais intervenir pour dire que jamais au cours de ma formation universitaire ou dans le cadre des formations professionnelles je n’ai été formé à la question du harcèlement scolaire. Nous ne sommes même pas formés sur les bases de la psychologie des adolescents. Je trouve cela déplorable et je me sens souvent démuni ! On nous dit d’être attentif mais rien n’est fait pour nous permettre de faire de la prévention du harcèlement et éviter des situations dramatiques.

On renvoie toujours la responsabilité sur les jeunes. Les enseignants, les adultes formés ou non, doivent pouvoir être en capacité d’entendre, recueillir la parole et doivent être en mesure de faire un signalement à la direction et à la famille.
Je suis favorable pour la formation mais il faut aussi du bon sens. Les adultes dans les établissements scolaires savent que ce type de phénomène existe et leur vigilance devrait être en éveil.

Les établissements scolaires ont un rôle à jouer mais ils ne peuvent pas se substituer au rôle des parents et les enseignants ont besoin d’être accompagnés. Mes deux enfants ont eu la chance, tant au collège qu’au lycée, de bénéficier de l’intervention d’associations spécialisées qui ont mené des temps de sensibilisation aux discriminations dans le cadre de l’éducation civique. C’est un choix d’établissement très aidant pour les parents. Il serait certainement bénéfique que ces temps soient aussi ouverts aux parents en présence des enfants afin qu’ils puissent également en bénéficier car malheureusement ce que les enfants entendent aussi à la maison joue sur leur comportement.

Quid du rôle de la famille ? L’école peut-elle, avec ses maigres moyens, des enseignants désormais recrutés par job dating, traiter et apporter des solutions à toutes les questions sociales ? Il devient insupportable de constater qu’il est demandé aux enseignants, d’éduquer des enfants dont les parents disent le plus grand mal des profs au cours des repas du dimanche. Il appartient aussi aux adultes d’éduquer à la tolérance et à la solidarité, et d’éduquer leurs enfants.

Les enseignants ne peuvent pas être enseignant, en même temps psychologue, assistant social, …. etc. Si l’Etat faisait enfin son boulot, on aurait du personnel, médecin scolaire, psychologue, assistante sociale… (nos politiques devraient aller faire un tour en Suisse !) et les profs feraient leur métier.

Je suis prof au collège formé à l’égalité homme-femme, dans les textes on doit réaliser deux interventions par an par classe, malheureusement aucun créneau horaire n’est prévu ! Et on n’arrive pas à faire les interventions pourtant ô combien nécessaires ! Personne n’a le don d’ubiquité et peut faire à la fois ses cours disciplinaires, les interventions fille-garçon, les interventions harcèlement, travailler sur l’orientation… Il faut se donner du temps pour que les choses fonctionnent !

Pourquoi considérer que le rôle éducatif revient aux professeurs directement ? Ils ont déjà beaucoup de travail. Pourquoi ne pas inclure des cours d’intervention effectués par des experts ? Leur qualification ne pourrait être discutée. Ça se fait aux États-Unis.

Je suis enseignante et mon fils a été victime d’un « petit » harcèlement raciste. La CPE a très mal géré et mon fils ne fera plus appel à la vie scolaire. Pour ma part, j’aborde l’homosexualité en cours de français, mais beaucoup de collègues font semblant de ne pas entendre les insultes homophobes.