L’actualité internationale est dense et suscite beaucoup d’intérêt chez les auditeurs. Nous allons répondre à leurs questions avec trois journalistes : Fabienne Sintès qui présente « Un jour dans le monde » et « Le Téléphone sonne », Franck Mathevon, directeur de l’information internationale de Radio France, et en duplex avec Omar Ouahmane, correspondant en ce moment à Kiev en Ukraine.

L’Ukraine

Emmanuelle Daviet : On commence tout de suite avec la couverture éditoriale de la guerre en Ukraine.

Nous avons entendu successivement des extraits de reportages signés Omar Ouahmane et Gilles Gallinaro lors de la bataille de Soledar et le reportage d’Agathe Mahuet chez un sniper ukrainien.
Franck Mathevon, des auditeurs souhaitent savoir quels sont les moyens déployés pour couvrir la guerre en Ukraine ?  

Franck Mathevon : D’abord, on peut préciser que Radio France et donc France Inter est présente sans interruption en Ukraine depuis le début de la guerre et même un peu avant la guerre. On a eu jusqu’à cinq, six équipes sur place. On en a une en permanence. On a créé cet automne un poste à Kiev, occupé d’abord par Agathe Mahuet qu’on vient d’entendre, puis par Omar qui est avec nous. Je cite aussi Maurine Mercier, une excellente journaliste qui est basée en Ukraine et qui travaille pour les antennes de Radio France et pour nos confrères de la Radio Télévision Suisse. Ces reporters se déplacent partout en Ukraine. Agathe a couvert la reprise de Kherson par les Ukrainiens, Omar a couvert la bataille de Soledar dans le Donbass. D’autres journalistes les rejoignent ponctuellement sur le terrain. Ce sera le cas en février d’ailleurs, avec plusieurs missions en prévision de l’anniversaire du début du conflit. Et puis, je précise que les techniciens qui accompagnent nos reporters sont eux aussi extrêmement précieux. On part toujours en tandem, il faut le savoir, journaliste, technicien sur ces zones de guerre.

Emmanuelle Daviet : Un auditeur écrit « Bravo pour votre couverture de cette guerre et respect pour les journalistes qui risquent leur vie sur le terrain pour nous tenir informés. » Un autre auditeur souhaite savoir si les journalistes sont volontaires pour partir en reportage en Ukraine, Franck Mathevon ? 

Franck Mathevon : Bien sûr, oui, les journalistes sont volontaires. On ne va pas leur tordre le bras pour partir. D’ailleurs, pour le poste à Kiev dont je viens de vous parler et qu’on a créé cet automne, on avait lancé un appel à candidatures. Il fallait des reporters habitués aux zones de conflit, formés à ce type de terrain et on a eu, assez étonnamment peut être pour nos auditeurs, beaucoup de candidats. Je crois que quand on est reporter aujourd’hui, c’est presque une évidence d’aller en Ukraine. Il faut qu’on soit sur le terrain pour raconter le conflit, pour mieux le comprendre et pour être à la source de l’information. C’est évidemment essentiel pour contrer la propagande russe, bien sûr, mais parfois aussi la propagande ukrainienne.

Emmanuelle Daviet : Alors nous sommes en direct de Kiev avec Omar Ouahmane. Je rappelle que vous avez été correspondant au Liban, à Beyrouth pendant quatre ans, puis six mois en poste à Dakar. Vous êtes un spécialiste de l’Afrique et du Moyen-Orient. Vous êtes donc actuellement à Kiev. Cela fait un mois que vous avez succédé à Agathe Mahuet, comme l’indiquait Franck Mathevon le 29 décembre, lorsque vous êtes arrivé à la gare de Kiev, la ville était sous les bombardements. Qu’est-ce qui incite Omar, un grand reporter, à aller sur des zones de conflit ? Qu’est-ce qui vous anime ? Demandent des auditeurs.

Omar Ouahmane : En fait, je suis arrivé en train depuis la Pologne, la Pologne voisine. Et effectivement, je me suis retrouvé d’emblée dans les couloirs de la gare de Kiev, bondée. Les gens attendaient avec leurs bagages la fin des bombardements, la fin de l’alerte aérienne. J’ai dû me frayer un chemin au milieu des voyageurs pour pouvoir sortir de cette gare. J’ai donc été tout de suite plongé dans la réalité de la population. C’est ma cinquième mission en Ukraine depuis le 22 février 2022, deux jours avant la guerre. Donc, ce qui m’anime, Emmanuelle, tout simplement, c’est la passion, la passion de ce métier. J’ai toujours voulu arpenter les zones de guerre. Avant l’Ukraine, c’était effectivement le Moyen-Orient et l’Afrique. Et aujourd’hui, c’est l’Ukraine en Europe, dans un conflit d’une intensité sans précédent depuis la Seconde Guerre mondiale. L’histoire s’écrit en Ukraine. Ma place était évidemment ici.

Emmanuelle Daviet : Alors donc, vous êtes en immersion, vous vivez le quotidien des Ukrainiens. Quelles sont les principales difficultés auxquelles vous êtes confronté ?

Omar Ouahmane : Alors moi, j’ai la chance, vraiment, et je le pense, de travailler pour Radio France, d’avoir des moyens pour faire mes reportages sur le plan technique, pour me déplacer. J’ai une pensée pour les pigistes qui travaillent en Ukraine et pour qui c’est beaucoup plus compliqué. Frank vient de le dire. J’ai une pensée toute particulière pour Maurine Mercier, notre consœur de la Radio suisse romande, la RTS, qui pige pour nous et qui est passée de la Tunisie à Kiev avec la même motivation, avec la même passion. En ce qui nous concerne, mes difficultés Emmanuelle elles sont beaucoup plus personnelles. J’ai une famille, j’ai trois enfants pour qui ce n’est pas simple. C’est dur, on ne peut pas rentrer le week-end. Ils ne peuvent pas venir me voir compte tenu de la situation. Mais ça va, je vous rassure, tout va bien.

Emmanuelle Daviet : Alors Omar Ouahmane, vous estimez que ce pays se dirige vers une guerre de grande ampleur ? Fabienne Sintès, vous avez dit dans l’une de vos émissions : « la guerre durera longtemps » et ce propos a fait vivement réagir un auditeur. Voici son message. « On parle de stratégie militaire, de chars. Rien sur une sortie du conflit, rien sur la diplomatie, rien sur la nécessité d’une négociation entre belligérants. Mais nous, auditeurs, nous ne voulons pas que cette guerre persiste. Nous craignons que si elle dure, elle déborde jusque chez nous. Et puis, on pense aussi aux Ukrainiens et aux Russes qui souffrent. Nous souhaitons que notre gouvernement agisse pour que cela se termine. Nous voulons que nos médias donnent les clés pour expliquer comment on peut terminer cette guerre absurde. On se fout de savoir les avantages comparés des chars allemands ou russes. » Fabienne Sintès, trouvez-vous cette remarque fondée ? Et puis est-ce aux médias de donner les clés pour sortir de cette guerre ?

Fabienne Sintès : Précisément, oui. C’est ça le passage intéressant de ce message. Mon rôle à moi dans « Un jour dans le Monde » et nous tous, journalistes, n’est pas de donner des clés pour expliquer comment on termine cette guerre. En revanche, notre rôle à nous, c’est de donner des clés pour expliquer pourquoi « non à la guerre », parce que « non à la guerre », tout le monde peut être d’accord là dessus, n’est évidemment pas aussi simple que ça, aussi simple que ça en a l’air. Et ce qu’on essaie de faire, nous, ce qu’on a entendu, je crois au fil de l’antenne, beaucoup au fil du questionnement des invités notamment, et aussi des correspondants, c’est négocier, pourquoi pas ? Mais négocier avec qui ? Négocier sur quoi ? Est-ce qu’on négocie autour de l’idée que Poutine se fait de l’Ukraine ? Est-ce qu’on négocie autour de l’idée que les Ukrainiens se font de leur propre territoire ? Quels sont les contacts diplomatiques en ce moment. Dans « Un jour dans le monde » hier, on avait encore Sylvain Tronchet, le correspondant Moscou qui nous expliquait, grâce à des sources diplomatiques, que précisément, en ce moment, personne ne se parle. Les Occidentaux ne parlent plus avec les Russes aujourd’hui. Donc encore une fois, parler de négociations, bien sûr. Mais parler de quoi autour de ça ? Comment on fait pour expliquer à l’agressé qu’il faut désormais laisser avancer l’agresseur ? Parce que c’est ça que ça veut dire aussi signer une paix maintenant ? Est-ce qu’on doit conclure une paix à tout prix ? Au nom de quoi et au prix de quoi ? Quelle est la durabilité de cette paix ? Potentiellement, ça oui. Ça, c’est des questions qu’on peut poser à nos interlocuteurs, et qu’on essaye de faire au fil d' »Un jour dans le monde » et qu’on refera évidemment. Mais ce qui est intéressant, c’est que ce sont des questions qui reviennent à chaque fois qu’il y a un pic dans cette guerre. Et c’est vrai que l’envoi des chars notamment, a été un pic, un tournant, je n’en sais rien. Un miracle ? Certainement pas, mais au moins un pic dans cette guerre. Et c’est des questions qui reviennent à chaque fois. Je pense que la peur d’un conflit qui s’étale, elle est légitime. Maintenant, l’idée qu’on peut l’arrêter maintenant, hélas me semble très compliquée.

Emmanuelle Daviet : Franck Mathevon, le premier anniversaire de la guerre approche. Que prévoyez-vous comme couverture éditoriale ?

Franck Mathevon : On aura des reporters à nouveau, évidemment, sur le terrain, en Ukraine et dans les pays limitrophes. L’objectif pour l’anniversaire du début de la guerre, c’est vraiment de valoriser le terrain, le reportage, c’est ce qui fait notre force aujourd’hui, encore une fois pour contrer la désinformation. Et puis on essayera aussi de répondre et ça rejoint au fond ce que vient de dire Fabienne, au besoin de décryptage dont nous font part les auditeurs sur Inter. Par ailleurs, avec la rédaction dirigée par Catherine Nayl, on s’est dit qu’on voulait aussi aller dans tous ces pays, que la guerre en Ukraine a bouleversé ou dont le quotidien a été bouleversé par la guerre en Ukraine. On a donc prévu d’aller au Kazakhstan, en Pologne. On ira aussi en Afrique pour raconter l’insécurité alimentaire qui a été aggravée par le conflit. On le fera évidemment avec tous nos reporters sur le terrain, je l’ai dit, mais aussi avec la rédaction internationale. Ici, à Paris, on est une grosse vingtaine de journalistes mobilisés sur la guerre. Et puis, bien sûr, c’est très important. Avec notre correspondant à Moscou, Sylvain Tronchet. On a la chance d’avoir encore un correspondant en Russie et c’est très utile. C’est essentiel même pour couvrir le conflit.

Emmanuelle Daviet : Et puis ce travail de décryptage, on peut aussi le découvrir en écoutant le podcast.

Franck Mathevon : Alors merci beaucoup d’en parler. Effectivement, Emmanuelle, il est présenté par Isabelle Labeyrie. Il est diffusé deux fois par semaine. C’est disponible sur toutes les plateformes ou presque, à commencer évidemment par l’application Radio France. Vraiment, il faut l’écouter. C’est passionnant. Le projet est fidèle un peu à ce que vous vous décrivez. On cherche à documenter cet événement majeur, à raconter la guerre en Ukraine au quotidien. Donc, rendez-vous sur l’application Radio France.

Emmanuelle Daviet : Oui, c’est un vrai travail d’archivage pour cet événement historique. La couverture éditoriale de la guerre en Ukraine, on en parle tous les jours. En contrepoint, on est peut être trop discret sur la situation de certains pays qui mériteraient d’être davantage exposés médiatiquement, estiment des auditeurs.

Emmanuelle Daviet : Au début du mois, dans une interview au journal Le Parisien, Omar Sy, en promotion pour le film Tirailleurs, est interrogé sur la guerre en Ukraine et il dit, je le cite « l’Ukraine n’a pas été une révélation dingue pour moi, comme j’ai de la famille ailleurs en Afrique. Je sais qu’il y a toujours eu des enfants en guerre, des familles brisées. Je suis surpris que les gens soient si atteints. Ça veut dire que quand c’est en Afrique, vous êtes moins atteints. » Alors, au delà de la polémique très médiatisée qu’a provoqué ce propos, une auditrice souhaite savoir si cela a suscité un débat dans la rédaction. Et les journalistes ont vu là un sujet, une réflexion à mener. Y a t il des morts qu’on invisibilise, des conflits dont on parle moins, Franck Mathevon ?

Franck Mathevon : Je trouve qu’Oma Sy en tout cas, soulève un sujet important. Bien sûr, il y a des crises, il y a des conflits dont on parle moins. Je vais vous dire, les milices shebab font chaque jour ou presque des morts en Somalie. Chaque semaine, il y a des dizaines de civils tués dans l’est de la République démocratique du Congo. On en parle régulièrement, bien sûr sur Inter, sur les antennes de Radio France. Mais ce sont des conflits, des crises difficiles à couvrir dans des zones très reculées. Et je vous assure vraiment, je l’assure à nos auditeurs, on se pose chaque jour la question des choix qu’on doit faire pour les antennes. C’est vrai qu’il y a des conflits plus évidents à raconter, qui sont plus proches de nous, mais on s’efforce de rendre visible, je crois, toutes les crises.

L’Iran

Emmanuelle Daviet : Cependant, ces dernières semaines, des auditeurs regrettent un manque de couverture éditorial pour certains pays. Au sujet de l’Iran, une auditrice écrit « Je m’interroge sur la disparité de traitement entre les souffrances subies en Ukraine et les souffrances subies en Iran. Et je me dis que l’on parle trop peu de celle de l’Iran. » Frank Mathevon, on sait que pour ce pays, il y a des difficultés pour obtenir des visas.

Franck Mathevon : Oui, mais franchement non. On parle beaucoup de l’Iran sur Inter. Je m’inscris en faux avec cette auditrice. On a fait deux journées spéciales sur un Inter consacrées au mouvement de contestation qui a suivi la mort de Mahsa Amini. C’est une crise majeure dans un pays très répressif. La difficulté, en effet, c’est qu’on n’a pas de visa Presse pour le moment pour aller en Iran, mais on ne perd pas espoir. On a un correspondant pigiste malgré tout à Téhéran et puis surtout, on couvre le mouvement de Paris grâce à des contacts sur place qui peuvent nous parler librement sur les réseaux sociaux, témoigner via des notes vocales, par exemple sur Signals ou Telegram. Donc vraiment, on accorde beaucoup de place à l’Iran, à l’Ukraine aussi, mais à l’Iran. Sur l’antenne d’Inter.

L’Arménie

Emmanuelle Daviet : On poursuit avec des messages sur l’Arménie, je vous lis l’un d’entre eux, « Ce pays est menacé de toutes parts et les journaux de France Inter restent très silencieux. 120 000 personnes sont isolées du reste du monde à cause d’un blocus inacceptable. J’espère que mon message arrivera à la rédaction et que malgré les yeux tournés vers l’Ukraine, eh bien, vos journalistes informeront régulièrement les auditeurs sur ce qui se passe en Arménie. »
Le constat de cette auditrice est justifié Franck ou Fabienne Sintès ?

Fabienne Sintès : Oui et non. C’est à dire ? Quand est ce qu’on en parle moins effectivement que l’Ukraine ? Probablement en ce moment. Est ce qu’on est ce qu’on a parlé du conflit en Arménie ? La réponse est oui dans « Un jour dans le monde », au moins deux ou trois fois ces derniers temps, sur un gros quart d’heure pour donner de l’explication. Parce que, par ailleurs, ce sont des choses qui sont difficiles qu’il faut aller chercher, qu’il faut vraiment donner à comprendre. Et oui, bien sûr, nous l’avons fait. Est-ce qu’on le fait extrêmement régulièrement ? Est-ce qu’on a un vrai suivi quasi au jour le jour ? La réponse est non, mais c’est le cas d’à peu près toutes les informations. De toute façon, l’idée, c’est d’y revenir à chaque fois qu’il y a quelque chose de saillant et de ne jamais le perdre de vue. Et je crois vraiment que c’est ce qu’on fait ne jamais perdre de vue ces conflits là.

Franck Mathevon : Je précise juste qu’on a envoyé une reporter de la rédaction internationale, Virginie Pironon, en Arménie récemment et on s’efforce de raconter, de documenter le drame humanitaire vécu par les Arméniens dans cette enclave du Haut-Karabakh, entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan, qui est effectivement victime d’un blocus probablement orchestré par l’Azerbaïdjan.

Le Pérou

Emmanuelle Daviet : D’autres auditeurs regrettent que la situation au Pérou ne soit pas davantage évoquée. Depuis le début du mois de décembre 46 personnes sont mortes dans les manifestations contre la destitution et l’arrestation du président de gauche Pedro Castillo. Des manifestants réclament la démission de l’actuelle présidente Dina Boluarte. Alors comment couvrez-vous cette actualité ?

Franck Mathevon : Alors le Pérou, c’est une actualité qu’on suit de très près. Là aussi, on a une correspondante pigiste sur place qui s’appelle Amanda Chaparro, qui est basée à Cuzco. C’est d’ailleurs un endroit où il y a eu de nombreuses manifestations qui sont remontées vers Lima. Elle est partie à Lima, la capitale, en fin de semaine dernière, et elle y a passé quelques jours. On documente là aussi de très près cette crise, mais c’est une crise à bas bruit, si je puis dire, qui a tout de même fait près de 50 morts depuis début décembre.

Fabienne Sintès : On y était dans « Un jour dans le monde » il y a une petite semaine. Donc là aussi, on n’a pas perdu de vue. C’est dans les jumelles. Il n’est jamais interdit d’y revenir. C’est aussi sur notre carte. Il y a des petits drapeaux dessus.

Franck Mathevon : Et on se pose la question d’envoyer un reporter aussi la rédaction internationale au Pérou.

Emmanuelle Daviet : D’ailleurs, j’invite les auditeurs à aller sur le site de l’émission Un jour dans le monde lorsqu’ils cherchent des informations sur un pays. Si, en trois mots, on devait résumer la promesse éditoriale d' »un jour dans Le Monde », Fabienne Sintès ?

Fabienne Sintès : Je dirais qu’Un jour dans Le Monde, c’est une émission d’actualités qui parle du monde, mais pas forcément du monde qui va mal, donc qui nous parle aussi de tout ce qu’on ne voit pas dans le monde et qu’on essaie de couvrir sur un long format ou des petits formats. Puisqu’on a ce choix dans cette émission, Moi je fais toujours mienne cette phrase que j’ai piquée à Dan Rather. Un jour, le journaliste américain qui avait dit « Le journalisme, c’est de rendre intelligible et accessible des choses compliquées ». C’est ce qu’on essaye de faire tous « Un jour dans le monde. »

Emmanuelle Daviet : Donc on peut éviter d’être anxiogène quand on parle de l’actualité internationale ?

Fabienne Sintès : Quand on parle de l’actualité internationale, l’important, c’est d’essayer de comprendre ce qu’on essaye de faire. C’est donner à comprendre. Plus on donne à comprendre, moins c’est anxiogène.

Emmanuelle Daviet : Vous avez tous été correspondants permanents à l’étranger pendant quatre ans. Alors pour terminer cette émission, je vous demande à chacun un souvenir marquant de cette expérience professionnelle. Fabienne, aux États-Unis ?

Fabienne Sintès : Alors moi je suis arrivée sur la crise financière à l’élection d’Obama. Donc c’est sûrement ça un peu quand même qui est resté. Juste une chose très rapidement. Ce que j’ai particulièrement aimé, moi dans ce pays, c’est un pays où tout le monde croit connaître les Etats-Unis. J’ai aimé le sortir de sa caricature et montrer autre chose qu’une Amérique avec des gens qui ont une Bible dans une main et un flingue dans l’autre.

Emmanuelle Daviet : Franck Mathevon, au Royaume-Uni ?

Franck Mathevon : Moi je suis parti en 2016 et en 2016, c’est l’année du référendum sur le Brexit. C’est évidemment l’événement le plus marquant des cinq années que j’ai passé à Londres. Et puis, je n’oublie pas que c’est aussi le premier vote qui a été marqué dans le monde par une vague populiste. En fait, c’était avant Donald Trump, avant Bolsonaro au Brésil. Et les ressorts ne sont pas les mêmes, bien sûr, mais ça a été le début de ce mouvement là. C’est parti du Royaume-Uni et du Brexit.

Emmanuelle Daviet : Omar Ouahmane vous êtes en direct de Kiev avec nous. Vous avez évidemment beaucoup de souvenirs marquants. Je vais vous demander celui qui à jamais restera inscrit pour vous dans vos mémoires professionnelles.

Omar Ouahmane : Moi je ne vais pas être très original, mais c’est la crise migratoire de 2015 et cette traversée de la mer Egée avec la famille de Lotus en pleine nuit. D’ailleurs, j’en profite, Emmanuelle, pour donner des nouvelles. Elle va bien cette famille. Elle vit depuis en Suède, elle est devenue suédoise de nationalité et j’espère qu’on voudra des nouvelles très bientôt.

Emmanuelle Daviet : Merci beaucoup Omar et c’est vrai que c’est très précieux d’avoir ce suivi avec les personnes que l’on a rencontrées au cours de nos interviews.