Florent Guyotat, Directeur adjoint de la rédaction de Franceinfo est au micro d’Emmanuelle Daviet pour répondre aux remarques des auditeurs :

Emmanuelle Daviet : La sécheresse est actuellement l’un des grands sujets d’inquiétude. Les mois de décembre, janvier et février ont été marqués en France par une relative douceur et un déficit de neige et de pluie, avec d’ailleurs une séquence record de 32 jours sans pluie. Une situation alarmante qui contraste avec le ton des bulletins météo, s’étonnent des auditeurs qui nous écrivent à ce sujet. Alors je vous livre quelques messages.
« Je suis dégoûté d’entendre des bulletins météo où la pluie est considérée comme une calamité. Ce mercredi matin sur Franceinfo, j’ai entendu « les averses vont épargner les départements du Sud ». C’est une honte de véhiculer encore des schémas pareils. » Un autre message où on peut lire « Dans les séquences météo où vous utilisez le ton enjoué pour parler du soleil et un ton dépité pour annoncer la pluie alors qu’on vit une sécheresse historique. Sans être anxiogène, vous pourriez adapter votre champ lexical et le ton en fonction des épisodes climatiques en cours. »
Florent Guyotat, des auditeurs demandent un changement de vocabulaire dans la présentation des bulletins météo. Que pensez-vous de cette suggestion ?

Florent Guyotat : Alors je suis venu avec quelques petits extraits sonores récents qui datent de cette semaine et de la fin de la dernière. C’est Christine Pena notre présentatrice météo de la matinale, qui parle. Et vous allez voir, preuves à l’appui, que nous faisons de gros efforts pour changer de vocabulaire en la matière.

Christine Pena : Progressivement, on va retrouver ces pluies généralisées sur tout le pays. Ça, c’est la très bonne nouvelle. Alors c’est un temps enfin pluvieux qui se met en place, pluvieux et venteux. Sur deux jours, on pourrait atteindre les 40 mm, quasi l’équivalent de quinze jours de pluie sur la semaine. Puisque ça va durer toute la semaine, on gagnera un mois de pluie et je n’ai pas une bonne nouvelle parce que la semaine prochaine, on a une reconstitution de l’anticyclone, donc une semaine de nouveau sèche.

Florent Guyotat : Alors vous avez bien entendu qu’il y a un changement de vocabulaire très net. Le retour de l’anticyclone est assimilé à une mauvaise nouvelle. Au contraire, l’arrivée de la pluie est qualifiée de quelque chose de salvateur. Donc c’est bien la preuve que nous faisons des efforts pour changer notre vocabulaire. Même si, je vous le concède, il peut y avoir aussi encore quelques maladresses. Il faut savoir qu’il y a quand même une quarantaine de bulletins météo par jour sur Franceinfo. Et dans l’imaginaire collectif, c’est vrai que le mauvais temps, la grisaille, ça reste assimilé à quelque chose de morose. Mais vraiment, j’ai l’impression que nous faisons des efforts en la matière.

Emmanuelle Daviet : Depuis la rentrée, Franceinfo est particulièrement mobilisée pour traiter les questions environnementales. La sécheresse actuelle plonge la France dans une situation de crise, estiment les autorités. Comment couvrez-vous cette actualité ?

Florent Guyotat : Déjà, on a un rendez-vous régulier sur Franceinfo. Deux fois par mois, nous délocalisons notre antenne avec cette émission qui s’appelle L’empreinte carbon(n)e, animée par notre présentateur Frédéric Carbonne dans le 12/14. Et nous essayons de mettre en valeur des initiatives pour mieux lutter contre le réchauffement climatique. Et je peux d’ores et déjà vous dire que la semaine prochaine, vendredi prochain, nous retournerons en Gironde, là où avaient eu lieu ces incendies l’été dernier, qui avaient été particulièrement meurtriers pour la végétation. Et nous essaierons de voir ce qui est fait en matière de lutte contre la déforestation et de bonnes pratiques. Et puis, chaque jour, justement, dans nos bulletins météo, Christine Pena notre fameuse présentatrice, donne aussi des conseils aux auditeurs pour adapter leurs pratiques au quotidien. Ce sont les fameux écogestes du jour.

Christine Pena : C’est le retour de la pluie. Pensez à récupérer ces eaux de pluie. Le bénéfice est double : faire des économies d’une part puisqu’on n’utilise pas le robinet et puis d’autre part, si les épisodes sont forts, vous allez limiter le risque d’inondation, surtout si on est très nombreux à récupérer les eaux de pluie.

Florent Guyotat : C’est pour les gens qui ont la chance d’avoir une maison et un jardin. On l’a bien compris, mais là encore, je trouve que ça montre que nous faisons des efforts aussi pour conseiller tout simplement nos auditeurs.

Emmanuelle Daviet : Alors précisément, ces auditeurs estiment qu’il revient aux journalistes de sensibiliser le grand public, de faire prendre conscience de la gravité de la sécheresse en France. Considérez-vous que cela fait partie de vos missions ?

Florent Guyotat : Alors d’abord, nous, notre mission principale, c’est d’établir un constat. Régulièrement, on se fait l’écho de l’ampleur du réchauffement climatique, avec des chiffres réguliers qui sont donnés à l’antenne. Mais nous ne sommes pas non plus des directeurs de conscience. Je vous le disais à l’instant, on donne des conseils à nos auditeurs. Après, libre à chacun ou pas d’adapter son comportement en conséquence.