Samedi 1er avril, le thème de l’émission Répliques sur France Culture était un débat autour de l’immigration, avec Didier Leschi, Directeur général de l’Office français de l’immigration et de l’intégration (OFII) et Pierre Brochand, Directeur général de la Sécurité extérieure de 2002 à 2008. Les auditeurs ont été nombreux à réagir :

Alors que la marque de fabrication de cette émission est supposée être l’art de la dialectique et l’esprit de contradiction, nous avons assisté à une charge sans nuance ni complexité sur l’immigration (le titre est en lui-même édifiant). L’émission a fait se « confronter » un extrémiste et une personne qui pensait à peu près la même chose, mais dite de manière plus édulcorée. Dommage quand on sait à quel point ce thème est sensible et complexe.

Il est dommage que les deux invités de l’émission ne représentent pas vraiment une diversité de points de vue sur un sujet aussi sensible que l’immigration. Il est également regrettable que leur engagement politique n’ait pas été davantage précisé : Pierre Brochand est très proche d’Eric Zemmour dont il a conseillé la campagne électorale de 2022, quant à Didier Leschi, il a participé à l’élaboration du texte sur l’immigration porté par le Président Macron.
Il me semble que le respect d’une certaine déontologie aurait dû conduire à le mentionner…

Je tiens à vous adresser mes plus vives félicitations pour le courage déontologique dont vous avez fait preuve en permettant la tenue de l’émission Répliques le samedi 1er avril dernier.
Il est tout à fait remarquable qu’une telle franchise, notamment dans la prise de parole de M. Pierre Brochand, puisse être entendue sur une chaîne publique. Le sujet de l’immigration concentre en effet de nombreux thèmes cruciaux engageant notre avenir en tant que nation. Il ne doit pas être laissé aux mains d’idéologues des deux extrêmes mais faire l’objet d’une analyse froide telle que l’ont courageusement proposé vos invités.

Ayant dirigé jusque l’année dernière un centre académique de scolarisation des allophones (CASNAV), donc des enfants ou des jeunes d’âge scolaire, ayant subi émigration et exil souvent subis, je suis extrêmement intéressée par la question posée ce jour.
J’ai donc écouté avec attention votre émission dont j’ai particulièrement apprécié le préambule.
Cependant, le débat tel qu’il a été mené m’a paru plus que déséquilibré. Déséquilibré par le statut des intervenants qui n’avaient pas la même liberté de parole : Didier Leschi est fonctionnaire en exercice, il a un devoir de réserve, comme il l’a souligné, et ne peut s’exprimer qu’au titre de son expertise ; Pierre Brochand pouvait assumer des propos politiques, sinon militants et s’est permis de brasser un grand nombre de références ou d’arguments, qu’aucun contradicteur ne pouvait nuancer ni contredire.
Bref, j’ai le regret de constater que, loin d’éclairer notre lanterne, ou, plus précisément de donner aux auditeurs un aperçu de la complexité de la question si on la déploie dans toutes ses dimensions, on ne retient de l’émission que les « adjectifs » assénés avec grande assurance par Monsieur Brochand qui n’a, comme fait d’armes sur cet objet, qu’une tribune orientée, publiée dans Le Figaro.
C’est encore je crois une occasion ratée pour poser de manière sereine les termes du débat.

Je suis en train d’écouter Répliques. Le principe de l’émission est, selon son animateur, que deux interlocuteurs se répondent et confrontent leurs idées. Mais si on laisse une seule personne parler pendant un quart d’heure, évidemment, difficile de lui apporter la contradiction. Je ne vais pas arrêter d’écouter France Culture avec qui je vis du matin au soir et même la nuit, en direct ou en podcast, mais quand même ! Bravo pour tout le reste !

Je voudrais attirer votre attention sur l’émission « Répliques » de ce samedi 1er Avril 2023.
Je trouve très dangereux qu’il puisse y avoir sur une radio publique comme France Culture, des émissions qui sont présentées comme des débats (conversations), qui dans le résultat sont des émissions qui légitiment des opinions et des programmes politiques orienté vers le rejet de l’autre – le rejet de « l’étranger ».
Les propositions de conclusion de la personne qui est venue défendre un programme politique (il en parle lui-même sur la fin de l’émission de son programme) dans cette émission est, qu’il faut se protéger au maximum en France par rapport à cet étranger (notamment en divisant l’immigration légale par 10, diviser l’accession à la nationalité par 10, etc.), car à défaut, la France sombrerait soit dans une implosion de sa société, « vers une société où la qualité de la vie va s’effondrer et où il fera de moins en moins bon vivre », soit par explosions successives et des affrontements qui feront de la France un pays où on ne pourra plus vivre du tout, soit les deux…
Cette émission est dès le départ complètement biaisée… car elle ne confronte pas deux opinions… mais une personne qui du fait de sa position de responsable d’un Office National et de son statut de fonctionnaire ne peut que présenter les problèmes auxquels il est confronté dans son métier / sa mission, et une personne qui elle cherche la meilleure manière de légitimer – du fait des problèmes présentés – ses opinions politiques, son rejet de « l’étranger » (sous couverture que par son expérience de vie il saurait mieux que quiconque ce qui est bien pour la France). De plus les chiffres présentés ne discernent à aucun moment d’après les types d’immigration en France (en précisant si cette immigration est le résultat de demandes d’Asile, d’immigration professionnelle ou de regroupement familial par exemple).
Je constate d’ailleurs, d’après les informations qui me sont accessibles, que cette expérience de vie à l’étranger et le fait d’avoir été plus en contact durant sa vie avec des personnes étrangères que de français qui est mise en avant… qu’en tant qu’Ambassadeur de la France, il n’a jamais été dans un pays où il aurait une connaissance particulière des pays et des gens qui composent la population d’immigration sur laquelle il porte particulièrement son attention … et que la position de Directeur de la DGSE qu’il met par ailleurs en avant pour prouver sa légitimité d’opinion – la nature du poste qu’il a occupé – est particulièrement orienté vers une focalisation sur le danger provenant de l’étranger !
Il me semble complètement déplacé pour une radio publique – et d’ailleurs pour tout média « d’information » – de présenter les informations d’une manière aussi biaisée, afin d’appeler l’auditeur à soutenir cette vision du danger de la personne étrangère à la France ou d’origine étrangère – qui serait la cause des problèmes passés, actuels et futurs que nous pourrions rencontrer en vivant ici (en ayant une vision différente de la richesse de vie à laquelle nous avons accès en vivant unis dans la diversité) – et de soutenir un programme politique qui soutient ces thèses.
Si on veut faire une émission de débat … il me semble qu’il faudrait présenter au moins deux points de vue distincts qui débattent vraiment des faits qui sont soumis à l’auditeur !
Comment sinon peut-on se faire une opinion différenciée ?
L’émission bien que présentée comme un débat par la citation d’Hannah Arendt, cherche d’ailleurs à légitimer la différentiation des droits individuels suivant l’origine de chacun et dans son appel à redonner la priorité de la maîtrise des instruments juridiques au législateur (plutôt qu’aux juges).
Heureusement que la déclaration des droits de l’Homme par exemple – qui interdit une telle différentiation des droits individuels – qui est la base des instruments dont on pourrait vouloir redonner la main au législateur, ne peut justement pas être remise en cause à tout bout de champs par le législateur !
Nous voyons par ailleurs actuellement le danger de ce genre de préconisations en Israël où la population se bat activement contre cette reprise en main du juridique voulue par le législateur…
Il est absolument dangereux pour notre société démocratique de légitimer ce genre de discours d’exclusions de l’étranger en faisant des émissions d’informations et/ou de débats où les choses sont présentées de manière aussi biaisée.

Je suis un auditeur régulier de l’émission Répliques, et, même si je ne partage que très rarement les points de vue exprimés par Alain Finkielkraut, je ne suis pas a priori de cette « variété » d’auditeurs qui prennent systématiquement la peine d’écrire pour exprimer leur approbation ou leur opposition aux propos tenus lors d’une émission. Comme le proclame le slogan de France Culture – « l’esprit d’ouverture », il me semble précisément qu’il est important d’être ouvert à l’expression de toutes les idées dans la mesure où elles sont exposées de façon construite et argumentée. Comme M. Finkielkraut, je suis en outre un vieux monsieur, 74 ans déjà, et je suis par conséquent bien conscient que beaucoup de ceux que je côtoie doivent probablement me considérer, affectueusement ou pas selon les cas, comme un vieux radoteur voire un vieux c…, je ne me permettrai donc pas de critiquer trop ouvertement M. Finkielkraut qui est en quelque sorte un compagnon d’infortune.
L’émission de ce samedi, et plus particulièrement les propos de M. Brochand me semblent cependant mériter pour une fois, bien exceptionnellement, une réaction, d’autant plus qu’ils viennent de quelqu’un qui a été ambassadeur de notre pays et dont l’on pourrait donc a priori espérer que le fait de s’être frotté des années durant à « l’autre » que cela lui aurait apporté une certaine ouverture d’esprit et une certaine empathie. Comme le disait Balandier dans « l’Afrique Ambigüe » « expliquer des peuples étrangers chez qui l’on a vécu, et que l’on a aimé, c’est inévitablement s’expliquer soi-même », je me pose donc la question de savoir si M. Brochand a aimé les peuples parmi lesquels il a vécu ou si au contraire ses propos nous permettent de l’expliquer lui-même?
Je me permets donc de réagir car, comme M. Brochand se présente lui-même, je pense avoir sur ces sujets à la fois une expertise et une expérience. J’ai durant une cinquantaine d’années parcouru le Monde de l’Amérique caraïbe à l’océan Indien, l’Asie du Sud Est et l’Afrique à peu près dans toute sa variété, qu’il s’agisse de sa côte ouest, du Sahel, de l’Afrique Centrale et de la région des Grands Lacs ou dans ses parties australes et orientales. J’ai vécu, parfois six ou sept ans, parfois six ou sept mois, dans une douzaine de pays et effectué des missions plus courtes dans plusieurs autres au service non seulement de notre pays mais aussi des Nations Unies durant cinq années et de la Commission européenne durant plus de vingt ans. J’ai toujours, de par mes fonctions, été « embedded » (comme l’on dit si bien en français moderne) dans les administrations locales et non pas dans la bulle relative que constitue une ambassade, une représentation résidente ou une délégation de tel ou tel bailleur évergète. J’ai d’autre part eu la chance d’avoir à monter, orienter et parfois diriger des projets qui traitaient précisément de politiques publiques au sens large, en particulier sous leurs aspects macroéconomiques et donc d’assurer la coordination avec ces nouveaux Dieux de l’Olympe washingtonien que sont le Fonds (bien sur monétaire) et la Banque (évidemment mondiale) puis, il n’y a de cela que trois ou quatre années, d’avoir précisément à suivre les problèmes de migration vus depuis les pays « émetteurs ». J’ai donc une bonne expérience et expertise de ces problèmes, j’ai moi-même été durant cinquante ans en quelque sorte un « immigré » chez les autres et j’ai même choisi de m’installer avec mon épouse pour ma retraite dans l’un de ces pays, la république du Cap Vert, pour lesquels l’émigration représente depuis près de deux siècles une soupape essentielle permettant la survie de ces dix petits cailloux désertiques dispersés dans l’Atlantique. Souhaitant être, comme Graccus Babeuf « parfaitement vertueux », nous avons même décidé avec mon épouse de prendre la nationalité cap-verdienne afin de partager pleinement les devoirs et les responsabilités de ceux qui nous ont accueillis. En tant qu’émigré, que double national volontaire partageant par la force des choses le sort de mes compatriotes français et cap-verdiens, je pense donc être particulièrement à même de critiquer les positions de M. Brochand.
Le plus choquant de ses propos a me semble-t-il été l’affirmation de ce que la migration serait à la base de la dégradation abyssale des services publics que nous observons actuellement en France. Outre le fait que, d’un point de vue macro-économique, toutes les études tendraient plutôt à prouver que la migration à des effets plutôt positifs sur notre économie, les données des démographes qui nous alertent qu’il ne devrait plus y avoir que 1,7 actif par retraité à la fin du siècle (ce qui peut nous amener à penser que, au bout de la cinquantième réforme des retraites ce pauvre 1,7 actif devra, comme Compay Segundo, travailler jusqu’à près de 100 ans) ce que je puis expérimenter, vivre, dans la formidable France de 2023 me semble en complète contradiction avec les assertions de M. Brochand.
1) Est-ce parce qu’il y trop d’immigrés qui bénéficie de la couverture minimale universelle qu’il n’y a pas assez de médecins, donc plus d’urgences, plus de garde et que notre système de santé connait la dégradation que nous expérimentons actuellement? Il me semble que le responsable sont plutôt l’Ordre des Médecins et la politique de numerus clausus qu’il a impulsé des années durant et qui oblige précisément au contraire actuellement à tenter par tous les moyens de faire venir ou rester en France des médecins étrangers qui manquent cruellement dans de nombreux pays du Sud ainsi que les politiques impulsés par une conception erronée du « New Public Management » appliqué à la gestion hospitalière qui font que l’on ne peut plus recruter suffisamment d’infirmières aux tarifs proposés, que le recours à des intérimaires coûte finalement plus cher que de recruter des cadres permanents, que des lits et des maternités sont fermés pour des raisons plus comptables que médicales, que la gestion des stocks amène à détruire des masques sans procéder aux réapprovisionnements nécessaires… bref peu de chose à voir avec l’immigration.
2) est-ce parce qu’il y a trop de petites têtes non blondes dans nos classes que notre système d’enseignement recule régulièrement au niveau des enquêtes menées dans tous les pays de l’OCDE et qu’il n’y a même plus le nombre minimum de candidats aux concours d’enseignement ? Là encore ce ne sont pas des immigrés illégaux qui fixent les programmes, les méthodes pédagogiques et les salaires des enseignants.
3) Sont-ce les lettres écrites par les immigrés (que M. Brochand estime d’ailleurs être en grande partie sans formation et me semble-t-il dans son esprit presque analphabètes) qui sont si nombreuses que notre service postal est devenu incapable d’acheminer le courrier en moins de trois ou quatre jours?
4) Est-ce de la faute des immigrés si les programmes d’entretien hasardeux de nos centrales électriques nous obligent à importer de l’électricité de l’étranger alors que nous étions traditionnellement exportateur?
5) Est-ce la faute des immigrés si nous avons de jolis canons César dont la presse nous abreuve mais que nous avons oublié qu’il leur faut des obus, si notre armée (d’ailleurs en bonne partie constituée de Français dont les parents ont eux-même immigré) ne pourrait tenir que 150 km de front (en gros la frontière du Luxembourg plus, pour permettre à notre marine et aux chasseurs alpins de s’illustrer à moindre coût celles de Monaco et d’Andorre)?
Et je pourrais continuer avec de tels exemples service public « régalien » ou non par service public.
Une autre assertion qui me semble également totalement erronée dans les propos de M. Brochand est l’idée que l’immigration ne pourrait être véritablement utile faute de qualification suffisante. Cela me semble totalement en opposition avec ce qu’a toujours été la pratique de l’émigration dans le monde en général et en France en particulier: que demandait-on donc aux Polonais qui sont venus dans le Nord ou en Lorraine si ce n’est de savoir manier une pioche pour travailler dans une mine; que demandait-on donc à ces européens qui sont partis vers l’Argentine ou les États Unis au XIXe siècle si ce n’est d’être capable de pousser une charrue et de moissonner, que demandaient donc les entreprises comme Citroën qui ont envoyé des missions de recrutement au fond de la Kabylie dans les années 50 si ce n’est de la servilité et de l’endurance physique? Dans la région de France où je suis en ce moment les paysans cherchent des travailleurs dont les seules capacités soient de pouvoir ramasser les fruits, faire les vendanges ou récolter des légumes ce que n’importe quel sahélien, syrien ou afghan peut faire.
Que vous dire d’autre si ce n’est qu’à l’écoute des propos de M. Brochand, propos qui sont d’une façon générale assez largement tenus sur nos antennes et à la télévision, je ne puis m’empêcher de penser à ce qu’écrivait Bernanos à une époque qui n’était guère meilleure que la nôtre: « la colère des imbéciles m’a toujours rempli de tristesse, mais aujourd’hui elle m’épouvanterait plutôt ».
D’une façon générale, de mon expérience personnelle et en tant que citoyen à présent d’un pays créole où se sont totalement mélangé les esclaves de la côte africaine proche, les Portugais et tout ce qui passait sur les bateaux en route vers les autres territoires de « l’Empire »: goanais, macaans, timorais, juifs marocains fuyant les massacres lors de la guerre hispano-marocaine à la mi-XIXe, marins attirés par les charmes des habitantes du « Porto Grande » ou cadres européens des entreprises qui y avaient leurs activités… la plupart des cap-verdiens ont dans leurs ancêtres ces diverses origines et ne s’en soucient guère. Il me semble donc que deux évidences ne sont jamais abordées s’agissant de la France et de son « rapport à l’autre »:
1) nous sommes nous aussi d’une certaine façon une nation « créole ». C’est parce qu’il y a eu des gallo-romains que nous sommes ce que nous sommes puis les Francs, qui n’étaient ni gallo, ni romains, ont donné le nom à notre pays, puis tant d’autres y sont venus d’Italie, du Portugal, d’Espagne, de Pologne, d’Europe plus orientale, d’Arménie… Tous se sont toujours mêlés et il est évident que la solution « multiculturaliste » qui fonctionne ailleurs, me semble être profondément étrangère à ce que Norbert Elias définissait comme étant d’une certaine façon « l’ADN » d’une nation. Posons-nous la question de ce que serait la France si nous avions eu la même évolution que les pays balkaniques: des celtes agriculteurs, des germains éleveurs, quelques minorités latines, grecques, juives dans les villes… J’ai personnellement pu rêver à lire les mémoires d’Elias Canetti et la description de ces villes où cohabitaient tant de « nationalités » différentes, nous savons tous où cela a mené ces pays et personnellement, hormis l’île Maurice, je n’ai jamais vécu dans un pays où la cohabitation entre communautés ne se traduise pas sporadiquement par des affrontements. Je pense donc qu’il devait être clair pour tous que les nouveaux arrivants sont appelés à s’assimiler, même s’il s’agit là d’un gros mot pour beaucoup.
2) La France me semble, eu égard à de nombreux autres pays européens et aux territoires où j’ai vécu, se caractériser par une attitude relativement hostile ou pour le moins intolérante vis-à-vis des religions. Les paroles apocryphes de Clovis « Dieu de Clothilde si tu me donnes la victoire je deviendrai chrétien » ne sont guère celle d’un fanatique ayant rencontré Jésus Christ au coin de la rue mais plutôt un « deal »:, que dire du grand Henri IV et de son « Paris vaut bien une messe », de Napoléon proclamant que « si je gouvernais un pays de juifs je reconstruirais le Temple », de Philippe le Bel ou de Masséna qui prennent chacun un pape par la peau des fesses pour l’amener faire ce que l’on attend de lui. Je suis assez vieux pour avoir connu l’époque où l’on faisait « croa-croa » en voyant passer un curé en soutane, où il y avait près des cimetières et des églises des bistrots où ceux qui ne voulaient pas supporter les religieux attendaient tranquillement la fin des cérémonies, pour savoir qu’en 1905 c’est la troupe qui a fait sortir religieux et religieuses des couvents et monastères et aidé à procéder aux « inventaires ». Contrairement surement à M. Finkielkraut je ne crois donc pas vraiment à l’existence de la fameuse « islamophobie », il me semble simplement que, l’opérateur religieux historique étant devenu en grande partie résiduel, il était inévitable que l’apparition d’une nouvelle expression religieuse somme toute suivant des règles assez semblables suscitât les mêmes réactions. Il serait bon que ceux qui immigrent sachent donc que, à la différence du Canada ou de l’Allemagne, ils viennent dans un pays où la religion n’est pas véritablement comprise et acceptée par une partie non négligeable de la population.