Sarah Storey avait décidé de s’enfermer dans sa bulle, coupant son accès aux réseaux sociaux et aux médias. La veille, le 30 août 2012, elle avait remporté la première médaille d’or de l’équipe paralympique britannique devant 6 000 spectateurs, dans un vélodrome déchaîné. Mais, tout à la préparation des autres courses qui l’attendaient, la cycliste n’avait pas pris conscience de la déferlante qu’elle venait de provoquer. « C’est alors que je suis rentrée dans un centre médical du village olympique, qui avait affiché les journaux du jour. Je me suis retrouvée face à un véritable mur de photos de moi, j’étais partout. Je n’en revenais pas. »
En cette fin d’été 2012, Sarah Storey venait de décrocher la première de ses quatre médailles d’or lors de cette édition des Jeux paralympiques à Londres (du 29 août au 9 septembre 2012). Des Jeux à l’immense succès populaire. Jamais autant de nations (164) et d’athlètes (4 237) n’avaient participé. Jamais la couverture médiatique n’avait été aussi importante : 11 millions de téléspectateurs pour la cérémonie d’ouverture au Royaume-Uni ; 40 millions de Britanniques branchés, pendant la quinzaine, sur Channel 4, qui avait battu à l’audimètre la plupart des autres chaînes tous les soirs. A travers le monde, à l’exception notable des Etats-Unis – NBC, détenteur des droits, n’a diffusé que 5 h 30 de couverture médiatique –, la plupart des autres pays avaient suivi le mouvement, doublant presque la diffusion par rapport aux Jeux paralympiques de 2008, avec deux mille cinq cents heures de retransmission.
« Surtout, tous les billets avaient été vendus et non pas donnés », se rappelle Tanni Grey-Thompson, ancienne championne de course en fauteuil roulant, onze médailles d’or à son actif, et aujourd’hui membre de la Chambre des lords. Certes, les 2,7 millions de billets étaient beaucoup moins chers que pour les JO, qui s’étaient tenus quelques semaines plus tôt, mais les athlètes s’étaient retrouvés dans des stades pleins, dans une ambiance électrique. « Londres a changé la dimension des Jeux paralympiques, plaçant la barre haut pour tous les successeurs », estime Penny Briscoe, chef de mission de l’équipe paralympique britannique.
Un tournant
Que de chemin parcouru par rapport aux Jeux paralympiques auxquels se trouvait Tanni Grey-Thompson, à Séoul en 1988. A l’époque, les athlètes handicapés avaient été logés hors du village olympique. « Par peur de ne plus pouvoir revendre ces appartements plus tard », se rappelle-t-elle. Quatre ans plus tôt, Los Angeles avait refusé d’organiser des Jeux paralympiques.
Il vous reste 64.44% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.