Emmanuelle Daviet reçoit Sandrine Treiner pour répondre aux questions des auditeurs.

Emmanuelle Daviet : On commence par les messages reçus à l’issue de la Grande Table d’hier dans laquelle était invitée la journaliste Laetitia Strauch-Bonart qui a publié en février le livre intitulé « De la France. Ce pays que l’on croyait connaître » aux Éditions Perrin-Presses de la Cité. Ouvrage dans lequel elle consacre deux pages à « La Grande Table » avec des propos à charge sur le manque de pluralisme de l’émission. Hier, à la fin de votre émission, Olivier Gesbert, vous lui avez dit ce que vous pensiez de ces deux pages et les auditeurs ont qualifié votre prise de parole, de règlement de comptes et de droit de réponse à sens unique. Je vous lis le message d’un auditeur. « J’ai été choqué par la façon dont Olivia Gesbert a traité son invité en fin d’émission, sans que celle-ci est l’occasion de pouvoir répondre. Je le regrette d’autant plus que je suis fan de la Grande Table depuis des années. »
Alors, on commence avec vous, Sandrine Treiner. Comprenez-vous les réactions de vos auditeurs ?

Sandrine Treiner : Moi, je comprends toujours les réactions de mes auditeurs, mais je ne les partage pas forcément ou totalement. Je voudrais d’ailleurs, à ce titre, rappeler que nous avons aussi également reçu beaucoup de courriers dans l’autre sens, ce qui est souvent le cas au fond, quand il se passe une petite chose à l’antenne. Écoutez, au risque de vous décevoir, j’ai tout de même envie de rebondir sur ce que disait l’invité à l’instant d’Olivia Gesbert sur les livres et leur rôle sacré dans ce pays. Il est tellement sacré pour nous que nous y consacrons des émissions, jour après jour, de manière quotidienne, je crois que le livre en France, j’ai cette fierté là, je crois que le livre en France se porterait moins bien si France Culture n’était pas là et si singulièrement le travail qui est fait dans la Grande Table des idées chaque jour par Olivia Gesbert et son équipe n’existait pas. Et donc, c’est de bonne guerre et après tout, la liberté d’expression commande la possibilité de pouvoir reprocher à tel ou tel, un manque de pluralisme. Je ne crois pas que ce soit le cas. Je crois que la Grande Table des idées est une émission qui, précisément, rend compte de la vie du livre en France et qu’une fois encore, les livres se porteraient beaucoup moins bien si ce travail n’était pas fait. Alors c’est ça que je voudrais dire dans ce jour où, par ailleurs, vous m’autoriserez à venir parler avec d’autant plus de sourire que nous avons ce matin, eu l’annonce d’audiences tout à fait historiques et exceptionnelles. Ensuite, dans le détail, dans le travail de la productrice, par ailleurs, je peux en témoigner, totalement respectueuse du pluralisme. Il y a la question de la gestion du temps d’antenne et parfois, ce temps d’antenne dérape un peu et je crois que c’est tout simplement ce qui est arrivé hier.

Olivia Gesbert : J’ai juste voulu rappeler effectivement, en fin d’émission, peut être ce à quoi nous croyons, ce à quoi je crois et notamment cette recherche du pluralisme à travers nos invités, il n’y avait ni règlement de comptes ni attaques personnelles dans mes mots, je l’espère que ça n’a pas été perçu par notre invitée comme par les auditeurs comme tel. J’étais d’ailleurs un peu désolée d’avoir peut-être mal communiqué mon ressenti et que ça a été interprété comme tel. L’heure tournait. C’est vrai que je ne lui ai pas redonné la parole. Elle dit ce qu’elle veut dire sur l’émission dans ce livre qui vient de paraître et pour lequel j’ai été heureuse de la recevoir. Parce que tout ça a été précédé d’une demi-heure, d’une discussion qui était passionnante et que je pense qu’elle est une voix dans le débat aujourd’hui sur les fractures françaises. C’est pour ça que je l’ai invitée. C’est pour ça que je l’avais invitée il y a quatre ans et c’est probablement pour ça que je la réinviterai et j’espère qu’elle viendra.

Emmanuelle Daviet : On poursuit avec la campagne présidentielle et une question d’une auditrice. « Quels sont les critères qui ont déterminé l’ordre de passage des deux candidats ou leurs soutiens invités au Matin ? Y a-t-il un tirage au sort ? » Sandrine Treiner Comment cela se passe alors ?

Sandrine Treiner : En l’occurrence, contrairement effectivement à la manière dont se passent les choses à la télévision et par ailleurs, dans le débat d’hier soir, ou en fait, ceux qui étaient tirés au sort, c’était qui aurait la parole, le premier ou la première de Marine Le Pen et d’Emmanuel Macron. Non, en fait c’est plus artisanal que ça, c’est à dire, on voulait véritablement sur France Culture consacrer deux matinales dans l’entre-deux-tours au sujet justement des idées, du débat d’idées et de la culture. Nous avons lancé les deux invitations. Emmanuel Macron a confirmé sa venue la veille au soir de sa venue et Hervé Juvin du reste, la veille au soir également de sa venue ce matin. Non, c’est un peu le hasard. Je crois que de toute façon, cette question de l’ordre ne pose plus tellement question à l’heure du podcast. Les deux émissions sont à réécouter sur notre site et sur l’appli Radio France.

Emmanuelle Daviet : On termine avec des remarques concernant votre partenariat avec Sciences Po. Je vous lis le message d’un auditeur. « N’avez vous pas l’impression de céder à une certaine monoculture Sciences Po dans votre traitement des questions d’actualité ? Citation de livres des éditions Sciences Po, intervenants et bientôt les podcasts, c’est pratiquement tous les jours dans toutes les émissions d’information et de débats, cédez-vous à l’entre-soi ? Réfléchissez-vous à l’introduction d’une forme de diversité, de points de vue ? Et puis, un autre auditeur écrit Je regrette vivement ce rapprochement Sciences Po, France Culture. Cela envoie un signal fort malvenu à notre époque où la collusion des élites est sur toutes les lèvres. Cela n’apporte rien, si ce n’est l’impression d’être soi parisien. France Culture doit à tout prix continuer de surprendre avec exigence, indépendance et créativité et ne pas céder à ce genre de confort intellectuel stimulez-nous, soyez subversifs avec élégance et indépendance. » Sandrine Treiner, comment recevez vous ces remarques ?

Sandrine Treiner : Comme dirait l’autre, 13H29 j’ai à peine le temps de vous répondre. Non, la question des podcasts, en l’occurrence j’agrée tout à fait les propos de cet auditeur, en l’occurrence les podcasts, Il s’agit, comme pour le Collège de France, de proposer au grand public des leçons inaugurales qui, justement, n’ont lieu qu’au sein des institutions universitaires et que nous donnons à entendre. Et dans cette première sélection, il y a une conférence de Václav Havel qui est véritablement très appréciable, je crois. Et puis non. Juste vous dire le souffle qui me reste que en l’occurrence, lundi matin, nous avons effectivement débriefé lundi dernier, le premier tour de l’élection avec des professeurs qui officient notamment à Sciences Po, mais pas uniquement Nonna Mayer, je crois, par exemple, une des meilleurs spécialistes de l’extrême droite aujourd’hui en France. Elle était là pour ça. Elle travaille aussi au CNRS, comme beaucoup d’autres. Non, je crois que les universités sont très présentes de manière générale sur l’antenne de France Culture.