Ce samedi 14 janvier, les invités du « Grand Face-à-Face XXL » étaient Camille Dejardin, professeure agrégée de philosophie, auteure du Tract « Urgence pour l’école républicaine » (Gallimard), et Pierre Mathiot, politologue, directeur de Sciences Po Lille. Le questionnement autour du système éducatif a passionné les auditeurs qui ont été très nombreux à réagir à l’émission. Une sélection de messages à lire ici :

Pourquoi ne pas faire d’enquêtes dans les établissements qui marchent et auprès d’enseignants qui croient vraiment en ce qu’ils font auprès de leurs élèves ? Ras le bol du tout négatif et du “on ne peut rien faire” !
Chacun doit se retrousser les manches et s’investir dans ce qu’il croit juste et bon pour ses élèves.
C’est toujours plus facile de rendre les autres responsables de l’échec : c’est l’Etat, c’est le gouvernement, c’est l’autre…
Je m’implique dans ce constat Je suis enseignante. Bon courage à tous ceux qui veulent se bouger. Merci à Natacha Polony.

Merci pour ce “Grand face à face” formidable qui, grâce aux intervenants et au public, a été extrêmement riche en questionnements (je l’ai écouté deux fois).
Parallèlement à mon métier d’assistante export, j’ai choisi de faire de l’aide aux devoirs / soutien scolaire / coaching à titre bénévole depuis presque 20 ans et j’avoue être effarée, à l’heure actuelle, par le niveau des élèves et le peu de place laissée au développement de leur esprit critique (et logique) et de leur capacité de réflexion (apprendre les mots de la dictée par cœur à l’avance, une aberration !).
L’impression d’un nivellement par le bas avec des élèves qu’on fait passer de classe en classe quel que soit leur niveau en les laissant se noyer. Terrible et consternant.

Super émission au Havre ! Merci pour le débat, les échanges et la confrontation d’idées !

Je suis élève en Terminale donc au contraire des adultes de ce plateau je vais parler expérience vécue. La réforme des spécialités est très bien car cela permet aux élèves d’étudier des choses qui leur plaisent. Et lorsqu’une matière nous plaît on l’apprend bien mieux. De plus le choix de ces spécialités ferme très peu de portes mais il est vrai que si vous choisissez des spécialités scientifiques, une entrée en fac d’histoire sera plus compliquée mais pas impossible.
Le point négatif de cette réforme c’est majoritairement la charge de travail et le laps de temps pour l’apprendre. Le programme est beaucoup trop concentré à cause du fait que le bac soit en mars.
De plus il faudrait inviter les premiers concernés à vos débats. C’est à dire : les élèves et non des adultes ayant quitté il y a 20 ans le système de l’éducation nationale.

Et pourquoi ne pas poser toutes ces questions aux enfants qui sont concernés ? Nos sociétés les sous-estiment bien trop.

Merci de donner la parole directement aux ados en plein Parcoursup : j’ai 17 ans, je suis en Terminale, et oui mon orientation a été décidée dès la fin de seconde avec le choix de spécialités. Les élèves n’ayant pas encore de projets de métiers se retrouvent en galère, enfermés dans des parcours dont ils ne peuvent plus sortir. Le fait de ne pas pouvoir hiérarchiser ses choix dans Parcoursup posent problème, et est très stressant ; ce stress se rajoute à celui du contrôle continu.

J’écoute votre émission. Quel gâchis ! Deux heures à faire parler des gens qui ne connaissent rien de ce qui se passe sur le terrain. Votre émission n’aura servi à rien. Je suis maîtresse d’école depuis 34 ans dont une bonne vingtaine d’années en ZEP. Vos invités n’ont jamais mis les pieds dans une classe, durablement, pour y enseigner. Ils parlent dans le vide. C’est bien dommage.
Il y a des choses très concrètes à dire sur le « pourquoi le niveau baisse » demandez aux enseignants qui travaillent chaque jour sur le terrain. D’abord, plus de formation depuis 2005 je crois (Sarkozy?). Qu’est-ce qu’un enfant de 3 ans, un enfant de 10 ans, un préado, un ado ? Qu’est-ce qu’un groupe, comment s’en occuper, comment le tenir ? Qu’est-ce qu’apprendre à lire aux élèves ? Comment organiser une classe, comment apprendre à apprendre ? Où les futurs enseignants apprennent-ils cela ? Ça n’est pas inné de savoir tout ça. Ça s’apprend. J’ai bénéficié d’une formation de 3 ans (à l’époque post bac) et pourtant j’ai eu beaucoup à faire encore pour devenir une maîtresse d’école correcte.
Pour savoir des choses, encore faut-il que les élèves travaillent en classe. Apprendre prend du temps, demande de répéter, de prendre son temps. En classe, il faut faire de l’anglais (sans être prof de langue d’ailleurs), apprendre à traverser la route, faire de l’écologie, apprendre à nager, faire de la philo, des ApQ, j’en passe et des meilleures. Plus le temps de prendre le temps d’apprendre, de faire des exercices, de s’entraîner, de faire des liens avec la vie.
Je dois m’arrêter là car je vais exercer mon deuxième métier, et je ne voudrais pas être en retard. En effet, je ne fais pas partie des enseignants qui auront leur salaire revalorisé, trop vieille. Vivant seule avec un enfant, je dois boucler les fins de mois avec un deuxième petit boulot.
Ce métier je l’adore, et je pense l’exercer correctement. Il est difficile, il me demande beaucoup de travail mais j’adore cela. Depuis un ou deux ans, si je trouvais un autre métier, je quitterais celui-là. Ça aussi c’est dommage.
Merci de votre attention.

J’ai pris l’émission en cours et, comme souvent lorsqu’un média traite du système éducatif, je m’interroge : pourquoi ne pas inviter des enseignants qui vivent la classe de l’intérieur pour répondre à cette grande question de « la promesse républicaine » ?
J’enseigne en primaire depuis 8 ans, après reconversion, et je suis fondamentalement attachée à l’école de la République. J’ai exercé dans tous les cycles de l’élémentaire et dans des écoles aux IPS variés (de CSP+ à REP+). Chaque année, je m’engage à faire progresser 22 à 30 individus dans leurs apprentissages et je suis déprimée par les chiffres annoncés ou certains commentaires.
L’évaluation du niveau des élèves français par rapport aux autres élèves porte sur la maîtrise des maths et de la langue écrite. Mais la critique de ces résultats prend-t-elle en compte les obligations qui s’ajoutent d’année en année, dans les programmes ou par ajouts de circulaires : inclusion (sans moyens à la hauteur des difficultés rencontrées), éducation au DD, aux usages des outils numériques, pédagogie de projets, climat scolaire, prévention dans l’usage des écrans, du harcèlement, de l’éducation sexuelle, 30 mn de sport par jour, etc. Je ne remets pas en question le caractère essentiel de la maîtrise des maths et du Français ni le rôle que l’Ecole doit jouer pour répondre aux questions qui animent la société. Mais une semaine de classe compte toujours 4 jours… moi, je travaille 6,5 jours sur 7 pour mes élèves.